Procès Galleon : l'étau se resserre autour de Raj Rajaratnam

« Tu travailles très dur et tu es sous-payé alors que certains se font des fortunes... Alors garde juste une trace des informations auxquelles tu as accès et partage-les avec moi. » Au quatrième jour du procès de Raj Rajaratnam à New York, Anil Kumar n'a pas laissé planer le doute. Oui, le fondateur du hedge fund Galleon a bien acheté à cet ancien consultant du prestigieux cabinet McKinsey quelques tuyaux sur les clients de sa firme. « Il me posait de nombreuses questions. Il voulait savoir comment les sociétés se comportaient sur le trimestre ou si elles avaient des plans stratégiques », a-t-il raconté à la barre du tribunal fédéral de Manhattan. En août 2008, par exemple, au cours d'un entretien téléphonique enregistré par le FBI, il lui révèle qu'un fonds d'Abu Dhabi va voler au secours d'AMD. Dans les jours qui suivent, l'investisseur achète 35 millions d'actions du fabricant de semi-conducteurs. Pour toutes ces informations, Anil Kumar a perçu près de 2 millions de dollars. Il a déjà plaidé coupable, tout comme 19 des 26 personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire.Tous les témoins qui se succéderont pendant les dix semaines que pourrait durer ce procès retentissant, qui fait depuis plusieurs jours la une de la presse américaine, « ne cherchent qu'à sauver leur peau », avait déjà attaqué la veille John Dowd, l'avocat de Raj Rajaratman, lors des déclarations d'ouverture. À l'écouter, son client n'a fait que son travail : collecter « une mosaïque d'informations » avant d'investir. « Dans le monde réel, rien n'interdit de discuter et de faire des recherches sur des actions, a-t-il expliqué. C'est parfaitement légal. »« Avarice et corruption », a résumé de son côté le ministère public, qui estime que le fondateur de Galleon, dont la fortune était estimée en 2009 à 1,3 milliard de dollars par « Forbes », « a utilisé des informations volées » pour engranger illégalement 45 millions de dollars de profits. « Les salariés de Galleon ont fait des recherches légitimes sur des actions, mais ils ont aussi triché, a poursuivi Jonathan Streeter, l'assistant du procureur général. Cela s'appelle du délit d'initié. » Pour étayer ses accusations, il dispose de près de 200 enregistrements de conversations téléphoniques et pourrait appeler une centaine de témoins à la barre.7 milliards de dollarsParmi eux, Danielle Chiesi et Rajat Gupta, deux personnages centraux de la galaxie du hedge fund, qui ont géré jusqu'à 7 milliards de dollars d'actifs. La première dirigeait un cabinet de consultants et aurait fourni des informations sur plusieurs sociétés informatiques, comme IBM et Sun Microsystems. Le second, poursuivi par ailleurs par la SEC (Securities and exchange commission), le gendarme boursier américain, est un ancien administrateur de Goldman Sachs. En septembre 2008, au plus fort de la crise financière, il aurait notamment alerté Galleon, quelques minutes avant l'annonce officielle, que Warren Buffett aller injecter 5 milliards de dollars dans la grande banque d'investissement. Ce tuyau aurait permis à Raj Rajaratnam de gagner 1 million de dollars. Arrêté en octobre 2009 avec cinq de ses collaborateurs, mais remis en liberté depuis, il est poursuivi pour 14 chefs d'accusation et risque jusqu'à vingt ans de prison.
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