Air France : le contre-pouvoir des pilotes confirmé

À l'heure où Air France va devoir faire des choix stratégiques majeurs pour son avenir, les résultats, il y a dix jours, des dernières élections professionnelles apparaissent plutôt satisfaisants pour la compagnie française. Bien sûr, la direction devra composer avec un syndicat national des pilotes de lignes (SNPL) toujours aussi puissant avec 71 % des suffrages recueillis (76 % en 2006). Mais elle dispose ainsi d'un interlocuteur unique et crédible pour négocier et signer des accords. Car avec la nouvelle loi sur la représentativité, rappellent deux responsables du syndicat, Yves Deshayes et Louis Jobard, « le SNPL est le seul syndicat de pilotes à pouvoir signer un accord avec la direction pendant quatre ans » sans qu'aucune des autres organisations - dont une seule à dépassé le seuil de 10 % - puissent s'y opposer. Au regard de son pouvoir de nuisance, l'hégémonie confirmée du SNPL peut certes faire peur. Mais la direction préfère encore ce scénario à un « relatif » émiettent syndical que d'aucuns prédisaient. « Cela va rendre le dialogue plus simple », explique un membre de la direction. D'autant que ce syndicat n'a pas peur des réformes. Sur plusieurs sujets comme le renforcement de la sécurité des vols après l'accident de l'AF 447 ou la stratégie moyen-courrier, cette organisation est même en pointe.Deux dossiers très chaudsEn 2011, deux dossiers s'annoncent d'ores et déjà très chauds pour la direction et les pilotes. Ils sont stratégiques. Le premier concerne le projet dit « bases province ». Sur les aéroports de Marseille, Bordeaux, Nice et Toulouse, Air France compte proposer aux navigants, sur la base du volontariat, de nouvelles conditions de travail et de rémunération. Objectif : augmenter la productivité et répondre à l'offensive des low cost. L'aval des pilotes est donc obligatoire. Le SNPL consulte aujourd'hui tous les pilotes sur un projet qui doit être négocié. Celui-ci, une fois finalisé, sera soumis à un référendum en mai ou juin, peu avant le lancement de la première base prévue cet été par la direction.Second fer au feu pour les deux parties : la négociation d'ici à décembre d'un nouvel l'accord sur les conditions de travail et de rémunération des pilotes, avec en particulier le volet « périmètre ». Celui-ci définit la partie du programme de vols d'Air France qui peut être effectuée par une autre compagnie. Là aussi, l'enjeu est crucial à l'heure où la compagnie entend multiplier les joint-ventures pour se positionner sur tous les gros marchés de planète, en particulier dans les pays émergents. De ces accords dépendra le rayonnement futur d'Air France.Fabrice Gliszczynski
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