Le pétrole cher dicte ses lois aux indices boursiers

Les marchés d'actions n'avaient pas vraiment besoin de cela. Déjà sous la pression de la flambée des cours du pétrole depuis plusieurs semaines, les places financières européennes ploient désormais, depuis la semaine dernière, sous la résurgence du risque souverain en Europe. De quoi faire enregistrer au CAC 40 qui a terminé vendredi sur une baisse de 0,89 % à 3.928,68 points, une troisième semaine consécutive de baisse, avec un recul hebdomadaire de 2,27 %. S'il y a fort à parier que le sujet de la dette des pays européens les plus fragiles sera toujours au centre des préoccupations, la question reste entière concernant la flambée des prix du pétrole. Jusqu'où ? Et, surtout, combien de temps ? Ce sont précisément ces incertitudes et leurs conséquences sur la croissance mondiale qui pésent sur les marchés. « Une hausse du prix du baril de 10 dollars coûte 0,5 % de croissance mondiale. Une hausse de 11 % du prix des matières premières alimentaires entraîne une ponction de 1 % sur le PIB mondial », précise sur ce point une note d'Amundi. De son côté l'économiste Nouriel Roubini estimait vendredi que « l'économie mondiale pourrait connaître une deuxième récession si les prix du pétrole atteigainent 140 à 150 dollars, à cause des révoltes dans les pays arabes ». Un avis partagé par les experts de Deutsche Bank qui tablent sur une division par deux de la croissance du PIB mondial si les prix du baril étaient amenés à grimper jusqu'à 150 dollars.Guetter les «profit warning »Par delà la cadence de la mécanique économique mondiale, c'est aussi l'impact sur les bénéfices des entreprises qui est scruté de près par les investisseurs. « Pour l'instant, le phénomène n'a pas encore engendré de révisions à la baisse des perspectives bénéficiaires du côté des analystes. Mais si la situation actuelle devait perdurer, il faudra guetter les premiers profit warning ces prochaines semaines, notamment à l'occasion des publications du premier trimestre », souligne Fabrice Cousté, directeur général de CMC Markets. Celui-ci estime qu'il y aura « un réel impact sur les perspectives bénéficiaires des entreprises si les prix du brent s'installent durablement au-dessus des 120 dollars ». Si les professionnels restent, pour l'heure, confiants quant aux perspectives des entreprises, les analystes de la Deutsche Bank ont calculé qu'une envolée des prix du baril à 150 dollars se traduirait par une baisse de 6 % sur les bénéfices des sociétés européennes. Une hypothèse à comptabiliser en fonction de l'évolution de la devise européenne. Car si un euro à 1,59 dollar avait permis en 2008 d'amortir les effets d'un baril à plus de 140 dollars, « aujourd'hui, le risque souverain maintient l'euro dans une fourchette de 1,30 à 1,40 dollar, au risque d'impacter une croissance déjà fragile en Europe » souligne Fabrice Cousté.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.