Jusqu'ici, les épargnants ne pouvaient guère reprocher au gouvernement de ne pas avoir strictement appliqué la formule de calcul employée pour définir le taux du livret A. En comparant les intérêts qui auraient été attribués sur la base de cette formule avec ceux effectivement versés aux détenteurs de livrets?A et LDD (livret de développement durable, ex-Codevi), « La Tribune » a calculé que cette faveur atteignait presque 2,4 milliards d'euros. Et même près de 3 milliards (2,94) en intégrant les sommes versées sur le livret d'épargne populaire (LEP), un livret réservé aux ménages peu imposés et dont le taux est corrélé à celui du livret A. Un calcul validé par plusieurs actuaires.Bien entendu, ce chiffre de 3 milliards reste purement théorique, car il provient des sommes présentes chaque mois sur ces livrets. Or, si les taux avaient été plus faibles, nul doute que les encours auraient fondu au fil des mois. Il montre bien, en revanche, l'effort financier consenti par Bercy pour soutenir les livrets réglementés. En moyenne, le taux des livret A, livret Bleu et LDD s'établit à 1,60 % entre février 2009 et avril 2010, contre 0,85 %, si la formule de calcul avait été impitoyablement appliquée. L'écart le plus important a été constaté entre août 2009 et janvier 2010 : Christine Lagarde a choisi de maintenir le livret A au niveau de 1,25 %, afin de ne pas atteindre le seuil psychologique des 1 %, alors que la formule donnait à peine entre 0 % et 0,25 % ! Moins médiatisé, le LEP recueille un encours non négligeable : autour de 60 milliards d'euros. Son taux, dopé de 0,5 point par rapport à celui du livret A, aurait rapporté plus de 1,5 milliard d'euros à ses détenteurs depuis février 2009, contre environ 1 milliard sans les décisions de Bercy depuis février 2009.manque à gagnerSi la recommandation de Christian Noyer est suivie par Christine Lagarde, les épargnants déploreront cette fois un manque à gagner entre mai et juillet (1,25 % au lieu de 1,75 %). Sur la base de l'encours actuel des livrets (livret A, livret Bleu, LDD et LEP), il s'établirait à 390 millions pour ces trois mois.Pour obtenir un chiffrage très précis, il faudrait connaître les encours au jour le jour, au lieu des chiffres à fin de mois. En effet, une somme déposée le 25 du mois entre dans les encours sans produire d'intérêts ce mois-là. Inversement, une somme présente le 1er et retirée le 16 donne droit à une « quinzaine » d'intérêts mais n'entre pas dans les encours. Le jeu n'est pas à somme nulle et peut représenter un écart de quelques dizaines de millions d'euros. A. P.

latribune.fr

13 Avr 2010, 23:46

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