Une fois encore, le cinéma italien se penche sur le récent passé tragique de son pays. Et ce, pour le plus grand bonheur du spectateur un tant soit peu intéressé par l'histoire et la politique.« La Prima Linea » de Renato De Maria prend involontairement la suite du « Rêve italien » de Michele Placido (sorti il y a un mois) et nous plonge dans les années de plomb qui, lors des décennies 1970 et 1980, ont ensanglanté l'Italie à coup d'attentats, d'enlèvements et d'assassinats, dont le plus emblématique fut celui d'Aldo Moro en 1978. À côté des Brigades rouges, Prima Linea était l'un des autres mouvements d'extrême gauche le plus actif.Le film, fort, triste aussi, porté par une poignée de comédiens impeccables, se focalise sur un épisode célèbre de l'histoire du groupe : l'évasion de la prison de Rovigo, près de Venise, de l'un de ses membres, Susanna Ronconi (Giovanna Mezzorgiono), à la suite d'une action quasi militaire montée par un commando de Prima Linea. À sa tête, Sergio Segio (Riccardo Scarmacio), le fiancé de Susanna. Débats internesÀ l'aide de nombreux flash-back, on suit l'évolution du groupe et de ses membres : leurs interrogations face à la violence ; ceux qui décident d'abandonner la lutte - dont Sergio, à la différence de Susanna ; les débats internes.Ce film se révèle plus proche du documentaire que de la fresque historique, même si l'on aurait aimé en savoir plus sur les origines du groupe Prima Linea et sur ce qui le séparait des Brigades rouges. Reste qu'il prend ses distances avec le mouvement d'extrême gauche, se refuse d'en faire l'hagiographie et souligne l'impasse que constituait le terrorisme.Son tournage a néanmoins déclenché une polémique en Italie. Certains journaux ont accusé le producteur, Andrea Occhipinti, d'utiliser des fonds publics pour réaliser un film hommage aux terroristes. Résultat, pour lever toute ambiguïté, la production a renoncé à un financement public de 1,5 million d'euros (sur un budget de 5 millions).Jean-Christophe Chanut

latribune.fr

13 Avr 2010, 23:49

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