De la discipline budgétaire au tournant de la rigueur  ?

Entre gestion rigoureuse des finances publiques et plan de rigueur, le gouvernement français tente de trouver une voie singulière. Pour l'instant, pas question de baisser les salaires des fonctionnaires, de couper drastiquement dans les dépenses sociales... Au contraire, la France tout en assumant l'extinction programmée des mesures de relance, a adopté un programme d'investissements d'avenir de 35 milliards. Mais nous avons bien amorcé « un virage sur l'aile », admet un proche de Christine Lagarde. Illustration avec l'envoi par François Fillon aux ministres de la lettre de cadrage pour le budget pluriannuel 2011-2013. Ce texte confirme que les dépenses de l'Etat ne progresseront pas plus vite que l'inflation en 2011, 2012 et 2013. Etant donnée la charge incompressible que représentent l'augmentation des intérêts de la dette et celle des pensions, cela signifie que les budgets des ministères non prioritaires pourront être amenés à baisser en valeur... Le Premier ministre trace le chemin à suivre pour y parvenir. A côté des éléments déjà connus (non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, réduction de 10 % des dépenses de fonctionnement de l'Etat, coup de balai dans les niches fiscales et sociales...), François Fillon annonce aussi des coupes dans les dépenses d'intervention, à hauteur de plus de 6 miliards d'euros sur trois ans. Sous ce vocable, on trouve à la fois des prestations, des mesures de solidarité ou les politiques publiques en faveur de l'emploi, de la santé, du logement ou des entreprises... Reste à savoir qui sera touché. Pas le RSA, a fait savoir mercredi François Baroin.un avant-goûtLe tour de vis budgétaire est donc bien réel pour l'Etat, mais ce n'est en rien un virage inattendu. La couleur avait été annoncée de la même façon en janvier lors de la présentation du programme de stabilité. Si la France tient les engagements inscrits dans ce document (déficits ramenés à 3 % du PIB en 2013), les mesures d'économies présentées jusqu'ici ne seraient qu'un avant-goût d'une « très grande rigueur », selon Mathieu Plane (économiste à l'OFCE). La promesse de ramener les déficits à 3 %, contre 8 % attendus en 2010, implique de trouver 100 milliards d'euros en 3 ans, souligne l'économiste, soit une amélioration du solde public « près de 3 fois plus élevée que lors des périodes de réduction précédentes ». Ceci ne pourrait se faire sans des coupes claires dans les dépenses de protection sociale et les annonces sur les dépenses de l'Etat ne «feraient que préparer le terrain à d'autres décisions ». Anne Eveno
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