La rigueur reste un mot qui fâche en politique

On l'a connu plus rigoureux dans l'expression. Et pourtant, François Fillon se « contrefout » du débat autour de l'utilisation du mot « rigueur » pour définir, à gauche mais aussi à droite, le plan de redressement des finances publiques.Depuis le plan Barre de 1976, en passant par l'austérité à la mode Chirac de 1995, la rigueur est un gros mot du vocabulaire politique. Le « tournant de la rigueur » le plus célèbre reste celui opéré à partir de juin 1982 par Pierre Mauroy. C'est d'ailleurs ce virage douloureux, un an seulement après l'élection de François Mitterrand, que le Premier ministre a brandi mardi en contre-exemple en énumérant « l'augmentation des impôts, le blocage des prix, le blocage des salaires, la baisse du pouvoir d'achat des Français ». Avant lui, Nicolas Sarkozy avait démenti lundi toute inflexion vers l'austérité. « Nous devons mener non une politique de rigueur, mais une politique responsable », a-t-il dit.Mais plusieurs responsables de la majorité, certes hors du gouvernement, n'ont pas cette prudence verbale. « Il faut arrêter les circonlocutions autour du mot rigueur », a lancé Alain Juppé. « Pour moi, la rigueur, c'est juste faire en sorte qu'on baisse les dépenses publiques inutiles. Un certain nombre d'amis et de collègues me disent ?non, non, ce n'est pas ça la rigueur?. D'accord, ce n'est pas ça, appelons ça la cueillette des olives en Basse-Provence », a lâché Jean-François Copé, en reprenant une formule de Pierre Dac.« Rigueur » et « austérit頻Au PS, Pierre Moscovici rappelle que « la rigueur est un terme inventé par la gauche en 1983 pour se distinguer de l'austérit頻. « C'est quand on réduit certaines dépenses publiques de manière vertueuse. Pourquoi le gouvernement ne l'assume-t-il pas ? Parce qu'il ne le fait pas de manière vertueuse justement, parce que c'est une vraie politique d'austérité qui est conduite. » Une austérité qui frappe « uniquement les salariés et les retraités » et va effondrer la croissance, pronostique Martine Aubry. Pour François Hollande, le tour de vis budgétaire n'est même « pas de la rigueur ou de l'austérité, mais du sauve-qui-peut ». Le débat sémantique n'est pas fini. Hélène Fontanaud
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