« Ce qui marche le mieux, c'est de réduire la dépense »

Que nous apprennent les expériences antérieures d'assainissement budgétaire ?Que tous les outils de politique budgétaire ne sont pas équivalents. Il est faux de penser que tailler dans les dépenses ou augmenter les impôts revient au même pour équilibrer un budget. Deux chercheurs italiens, Alberto Alesina et Silvia Ardagna, ont étudié 21 pays de l'OCDE sur presque quarante ans pour mesurer les effets des différentes politiques budgétaires dans les moments de crise, aussi bien les phases d'expansion que les phases de contraction. Pour nous en tenir à ces dernières, puisque votre question porte sur la réduction des déficits, ils ont constaté que ce qui marche le mieux, c'est une baisse significative des dépenses et pas de hausse des impôts. Dans certains cas, une légère baisse des impôts est même bénéfique.Mais la baisse des dépenses n'entraîne-t-elle pas une chute de la croissance économique??Ce n'est pas ce que l'on constate. Après un certain tassement initial, il se produit ce que l'économiste portugais Antonio Afonso appelle une « contraction budgétaire expansionniste ». À long terme, une baisse des dépenses de l'État se traduit par une augmentation de la consommation du secteur privé. Et c'est d'autant plus vrai en période d'assainissement budgétaire.Comment expliquer ce phénomène ?Les gens sont extrêmement sensibles aux perspectives de long terme sur leur revenu. S'ils voient que le gouvernement dépense toujours plus, ils anticipent une hausse des impôts et ils épargnent une part plus importante de leur revenu. L'effet multiplicateur de la dépense publique est amoindri par ces réactions. On le voit dans les phases de relance, où les revenus supplémentaires sont mis de côté, et aussi dans les phases d'ajustement budgétaire. Sauf si le plan est très crédible.Par exemple ?Remonter l'âge de départ à la retraite à 67 ans et l'inscrire dans la Constitution, ou encore s'imposer un objectif de déficit structurel proche de zéro à partir de 2016 comme l'a fait l'Allemagne, ça, c'est crédible. La preuve, on a commencé à voir apparaître des effets d'expansion de la demande privée allemande. À l'inverse, une politique budgétaire erratique, avec des changements de cap constants, cela décourage les agents économiques. Propos recueillis par Sophie Gherard
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