Bras de fer autour de tarifs de l'électricité

La question sensible des tarifs de l'électricité a une nouvelle fois fait preuve de son caractère hautement inflammable. Mercredi, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a fait une entrée fracassante dans le débat actuel autour du projet de loi « Nome », en dévoilant ses hypothèses sur l'impact inflationniste que pourrait entraîner pour les particuliers les prétentions d'EDF. Afin de stimuler la concurrence sur le marché français, le projet de loi de « Nouvelle organisation du marché de l'électricité » prévoit qu'EDF vende jusqu'à un quart de sa production nucléaire à ses concurrents à un prix reflétant « les coûts complets de production du parc électronucléaire ». un plancher de 42 eurosAuditionné mercredi par les députés de la commission des Affaires économiques, le PDG d'EDF, Henri Proglio, a répété qu'un montant de 42 euros par mégawattheure constituait un plancher pour l'entreprise, compte tenu des investissements qu'elle doit réaliser sur ses réacteurs. Or, selon des projections de la CRE, dont le président Philippe de Ladoucette était également entendu à l'Assemblée, ce montant de 42 euros entraînerait une hausse des prix pour les particuliers et petits professionnels de 11,4% une fois le texte voté, puis de 3,5 % par an entre 2011 et 2025. Actuellement, le tarif réglementé pour les particuliers est de 35 euros par MWh. Rappelons que Pierre Gadonneix, ex-PDG d'EDF, avait perdu son poste pour avoir réclamé l'an dernier une hausse de prix de 20 % sur trois ans. La Commission de régulation de l'énergie a également estimé qu'un prix d'accès à l'énergie nucléaire d'EDF fixé à 37,2 euros pour ses concurrents permettrait de limiter les hausses de tarifs. étouffer la concurrenceA la suite de ces auditions, EDF a souligné que le tarif demandé de 42 euros « n'aurait aucun effet sur les tarifs des particuliers ». Et pour cause, celui-ci est fixé par le gouvernement, comme le ministère de l'Énergie l'a rappelé hier, dans un communiqué qui démentait « catégoriquement les rumeurs relatives aux tarifs de l'électricité ». De fait, il n'existe pas de lien arithmétique entre les prétentions d'EDF et les tarifs des particuliers, mais les rivaux de l'ex-monopole déplorent que le groupe d'Henri Proglio cherche à étouffer la concurrence. L'écart entre le tarif réglementé des particuliers (35 euros) et celui de vente proposé par EDF (42 euros) est aujourd'hui trop important pour leur permettre de percer sur le grand public, selon eux. « EDF essaye d'imposer un tarif qui ne permettra à personne de faire de la concurrence sur les particuliers », estime l'un d'eux. A moins que de substantielles hausses de prix pour le grand public, décidées par le gouvernement, donc, n'atténuent l'écart... O. H.
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