Les musées font l'animation

Qui n'a jamais eu envie de pouvoir se faufiler la nuit dans un musée pour voir ce qui s'y passait une fois les portes fermées ? Y verrions-nous Belphégor errer dans les couloirs du Louvre ou bien encore les squelettes du Museum d'histoire naturelle s'animer, comme dans le film américain « la Nuit au musée (1 et 2) » ? Pour la sixième année consécutive, la Nuit des musées sera l'occasion pour tous les Français, mais aussi une grande partie des Européens puisqu'une quarantaine de pays y participent, d'avoir accès gratuitement à quelque 3.000 musées, dont 1.000 en France, ce samedi de 19 à 1 heure du matin.Créé en 2005 à l'initiative du ministère de la Culture et de la Communication, l'événement prend le relais du Printemps des musées, débuté en 2001, qui proposait à tous les musées d'ouvrir leurs portes gratuitement un dimanche de printemps. Pourquoi ? Pour attirer un nouveau public, plus jeune, que le côté festif d'un programme nocturne séduit. En effet, la pratique muséale n'est pas la pratique culturelle la plus répandue ni la plus démocratique. Régis Bigot, du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie, compare le musée à une « caverne d'Ali Baba ». Il y a beaucoup à voir mais on ne sait pas dans quel sens le prendre.Il s'agit donc « d'ouvrir l'accès au musée la nuit, pour briser le plafond de verre de l'intimidation sociale », dixit le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. Et ça marche ! 1,8 million de Français ont passé les portes des musées en 2009. Et Marie-Christine Labourdette, directrice, chargée des musées au ministère de la Culture et de la Communication, d'insister : « Le phénomène n'est pas uniquement parisien, et ne se concentre pas seulement sur les grands musées. » La preuve, l'année dernière, le Louvre a reçu près de 10.000 visiteurs pour la seule Nuit des musées et le musée des Beaux-Arts de Bordeaux près de 9.000 visiteurs, tandis que le musée de l'Armée à Paris explosait les compteurs avec 19.000 curieux, grâce à une programmation originale. Bien moins conséquent, mais à souligner, le musée de l'Assistance publique a réuni près d'un quart de sa fréquentation mensuelle habituelle avec cette seule soirée ! Cette année, ils reprennent donc la recette miracle à base de spectacles, de concerts et de dégustation du « bouillon de 23 heures ». Et si une soupe ne vous tente pas, vous pourrez toujours goûter le cocktail spécial du Palais de Tokyo, voir un défilé de mode au musée des Beaux-Arts de Brest, écouter un concert du musée départemental des Arts asiatiques de Nice. C'est aussi l'occasion de découvrir des sites tels que l'Unesco ou le palais de l'Europe à Strasbourg, dont les portes s'ouvrent. Ou encore de se rattraper sur les expositions que l'on manque faute de temps, « Turner et les peintres » au Grand Palais ou « Sarkis- Passages » au Centre Pompidou. Mais, mis à part la nef du Grand Palais qui, ouverte pour l'occasion, se pare de milliers de bulles parfumées, ou les illuminations de la façade et du péristyle du musée de la Monnaie de Paris, pas de faux espoirs, les créations contemporaines seront rares. « La Nuit des musées n'a rien à voir avec la Nuit blanche », confirme Marie-Christine Labourdette. Mais l'événement ne s'est-il pas largement inspiré du succès de la Nuit blanche, créée en 2002 ? Peut-être, peut-être pas. Mais après tout, qu'importe. Sortie d'un soir, incongrue et différente, gratuite qui plus est, ce nouveau mode de consommation des pratiques culturelles a le mérite de remplir, au moins pour une nuit, nos musées.
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