Voyage

Dieu créa le désert, puis furieux, il lui jeta des pierres », dit un proverbe arabe. Il devait certainement parler du Hoggar. Essentiellement constitué de roches volcaniques, qui, façonnées par l'érosion, donnent à voir un surprenant paysage tout en pitons acérés, le lieu met à mal l'imaginaire occidental qui s'imagine le Sahara en une immense étendue de sable et de dunes sculptées par le vent. Situé à 80 km de Tamanrasset, à l'ouest du Sahara dans le sud de l'Algérie, le Hoggar est un véritable désert de pierres, que seuls les Touaregs ont réussi à apprivoiser. Passé la surprise, on s'attarde un peu plus sur ce paysage, dont on a l'impression qu'il ne deviendra jamais familier. Par là, l'Akator, immense plate-forme située à 2.000 m d'altitude où les champs de lave tiennent une grande place, rappelant que l'on est entouré d'anciens volcans. De ce côté, un oued, un de ces cours d'eaux le plus souvent asséchés des régions désertiques. Plus loin une grande étendue d'eau semble s'être perdue dans ce décor rocailleux. De très loin, le mont Tahat, qui culmine à 2.900 m et domine l'Algérie.Accompagné par les impressionnants « Hommes bleus » du désert, on grimpe en 4 נ4 jusqu'au site de l'Assekrem, célèbre pour avoir accueilli l'ermitage d'été de l'atypique père Charles de Foucault en 1911. Cet ancien militaire qui décida de devenir religieux sur le tard et vivre une vie d'ascète, étudiant pendant plus de douze ans la richesse de la culture touareg et publiant même le premier dictionnaire touareg-français. Après une nuit passée au refuge, sorte d'auberge de jeunesse très rudimentaire ne valant pas une nuit à la belle étoile, l'ascension de l'Assekrem au lever du soleil s'impose. Les moins sportifs et les gros dormeurs auront du mal, mais il ne faut pas passer à côté de ce moment. « La vue est plus belle qu'on ne peut le dire ni l'imaginer. Rien ne peut donner une idée de la forêt de pics et d'aiguilles rocheuses qu'on a à ses pieds. C'est une merveille », en disait le père de Foucauld.À tel point que la redescente vers Tamanrasset, grouillante d'activité, en est déconcertante. Une ville qui semble inachevée, où les façades dignes des décors des contes des « Milles et Une Nuit » cachent des cours délabrées. Ici pas de système hôtelier très accompli, le tourisme de masse n'est pas l'objectif de la région. Un bienfait pour l'équilibre de cet environnement.Le retour en France s'annonce dur. On quitte à regret ces paysages déroutants, ces images étonnantes, le coeur chargé d'émotions, pour revenir à un quotidien routinier. Les Touaregs le disent : « Vous avez l'heure, nous avons le temps. » D'ailleurs savez-vous quelle est leur théorie quant à l'origine du Sahara ? Avant, la région était comme une vaste forêt, avec ses rivières et ses animaux. Puis un jour, un grand chef tyrannique en a eu marre de tout ça. Il ordonna donc : « Mettez-moi tout ça a ras ! » C'est ça l'esprit touareg, léger et sage à la fois. Marine Cluet
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