Le mondial de la rigueur

À l'heure où la planète se transforme en gigantesque terrain de football, les gouvernements de tous les pays participants, à quelques exceptions près, se sont lancés dans une autre compétition féroce?: la course au titre de champion du monde de la rigueur.Pendant que notre gouvernement de Bleus continue à se poser des questions sur sa stratégie d'attaque et de défense comme notre pâle équipe, et n'ose toujours pas utiliser le mot même de rigueur, les autres équipes se livrent à une surenchère sans précédent. Et pour l'instant, l'équipe menée par son capitaine Angela Merkel est très largement en tête sur tous les sites de paris en ligne. C'est simple. On ne peut plus l'arrêter. À peine a-t-elle fait adopter un plan de réduction de dépenses publiques de 30 milliards d'euros, qu'elle en prépare un nouveau de 85 milliards. Les Grecs, les Portugais, les Espagnols s'y sont résolus sans enthousiasme mais voici que les Anglais se lancent à corps perdu dans cette course à l'austérité. Et pour galvaniser ses troupes, Cameron va puiser dans les célèbres appels de Churchill en promettant de la souffrance. Même les États-Unis s'agitent autour de l'idée d'une « task force » sur la réduction du déficit budgétaire. Il faut dire que Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale, a été clair?: hors une réduction du déficit, point de salut. Il n'y a vraiment plus qu'en France, pays de la ringardise économique absolue, qu'on continue à se bercer d'illusions sur une reprise miraculeuse qui réglerait miraculeusement le problème des déficits.Mais comment cette rigueur est-elle devenue impérative alors qu'elle était considérée il y a encore quelques semaines comme l'erreur à ne pas faire?? Chacun rappelait alors l'exemple et de la crise de 29 et de la crise japonaise des années 1990 montrant qu'une politique d'austérité menée avant que la reprise économique ne soit réellement enclenchée provoque obligatoirement un retour à la case récession. Comment la théorie classique a-t-elle volée en éclats, celle qui consiste à dire qu'une politique de rigueur bride la consommation et donc plombe la croissance??Une seule explication?: la psychologie des ménages, des ménages de plus en plus vieux et préoccupés par leurs retraites. Le raisonnement est simple. Si l'État continue à accroître son déficit, il va droit vers la faillite et ma retraite ne sera pas versée. Je dois donc constituer une épargne de précaution, en réduisant ma consommation, pour compenser l'absence de rigueur de l'État. Si au contraire l'État, comme en Allemagne, tient les cordons de la bourse, les craintes sur l'avenir de mes retraites mais également de mes droits en tout genre s'estompent et je peux arbitrer en faveur de la consommation. La rigueur crée la confiance. La confiance entraîne l'investissement et la consommation. CQFD.La Banque mondiale cette semaine va plus loin. Je cite?: « Il vaut mieux passer par une phase de consolidation (traduisez « se serrer la ceinture ») pour permettre une reprise d'une croissance saine grâce notamment à une baisse des taux d'intérêt. » Les packages de stimulation de l'économie sont devenus complètement « out ». Les États-Unis se demandent par quel miracle ils ne sont pas attaqués sur les marchés. La Chine a arrêté d'inonder le pays de yuans pour construire des routes qui ne mènent nulle part pour faire un peu ses comptes et ils ne sont pas fameux... Après l'« American way of life », s'endetter toujours plus pour consommer encore plus, après le « French way of life », travailler moins pour gagner plus, voici l'ère du « German way of life », travailler plus pour gagner plus pour dépenser moins. Aucun doute?: l'Allemagne est le grand favori de ce mondial de la rigueur. nÀ contre-courant Marc Fiorentino Fondateur d'Allofinance.com
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