Retraites : la ligne dure l'emporte

Nicolas Sarkozy avait annoncé son intention de faire sauter le verrou des 60 ans. Le recul de l'âge légal de départ à la retraite sera de fait le point majeur du projet de réforme que le gouvernement présentera mercredi. Face aux syndicats, le gouvernement a résolu de passer en force sur cette question. Il a même été décidé de reporter l'âge légal au-delà de 60 ans à un rythme plus rapide que prévu.Le ministre du Travail, Éric Woerth, préconisait un recul d'un trimestre par an. Selon nos informations, le recul se ferait à raison de quatre mois par an. L'âge légal de départ à la retraite serait ainsi porté à 62 ans en 2015 et 63 ans en 2018. L'objectif est de donner un signal fort aux marchés financiers. Cette mesure a en effet un réel impact financier à court terme. Selon les simulations du Conseil d'orientation des retraites (COR), un report de l'âge légal de départ à la retraite à 63 ans apporterait 17 milliards en 2030, soit la moitié du besoin de financement des retraites des salariés du privé.Sur le plan politique, la mesure est aussi un symbole puissant. Un marqueur politique fort, dont Nicolas Sarkozy pourra se prévaloir face à un PS dont l'attachement aux 60 ans est présenté comme « archaïque » par la majorité.Les syndicats sont au mieux amers, au pire en colère à l'issue de la « concertation ». Ils ont certes été poliment reçus et écoutés. « Mais, Éric Woerth n'avait aucune marge de manoeuvre, rien à donner », constate un de ses interlocuteurs syndicaux, qui reconnaît par ailleurs que le ministre du Travail s'est plutôt bien sorti de cette situation inconfortable. « Aucun des messages que nous avons fait passer n'a porté ses fruits », regrette Éric Aubin, le négociateur de la CGT, avant de renouveler son appel à la mobilisation pour la journée d'action du 24 juin.aucune proposition syndicaleRésultat, sauf surprise de dernière minute, la copie du gouvernement ne devrait reprendre aucune proposition syndicale. La garantie individuelle d'un niveau de pension, chère à Danièle Karniewicz (présidente CGC de la Cnav)?? Selon nos informations, le gouvernement pourrait proposer un taux garanti de retraite pour cinq-six profils types (par exemple pour une carrière débutée au Smic et finissant à deux fois le Smic). Mais rien d'une garantie dont pourraient se prévaloir tous les salariés. La prise en compte de la pénibilité?? Le gouvernement a aligné sa position sur celle du Medef, avec une approche médicalisée inacceptable pour les syndicats.Pour autant la copie ne sera pas la réforme rêvée par l'UMP. D'abord, parce que la réforme imposera les hauts revenus et ceux du capital et de l'épargne (lire ci-contre). Ensuite et surtout parce que le gouvernement hésite à propos des fonctionnaires. Alors qu'elle est réclamée à cor et à cri par les militants UMP - mais aussi par nombre de salariés du privé - la fameuse « équité public-priv頻 est difficile à boucler. L'alignement de la période de référence pour le calcul des pensions a été abandonné?: trop compliqué, et potentiellement coûteux. Est préférée l'option d'une hausse progressive, sur plusieurs années, du taux de cotisation retraite des fonctionnaires (7,85 %, contre 10,55 % dans le privé).Mais à l'heure de trancher, le gouvernement a des doutes?: une telle mesure entraînerait une perte de pouvoir d'achat pour les fonctionnaires. Or, justement parce qu'a sonné l'heure de la rigueur pour les dépenses publiques, le gouvernement n'a pas grand-chose à lâcher en contrepartie. Trop de rigueur tuerait la rigueur. Et à trop vouloir afficher une réforme « dure », le risque serait de créer les conditions d'un mouvement social fort. L'homme clé de la réforme, Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy ne l'ignore pas.
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