Assurance dépendance : beaucoup d'attente, peu de réponses

Les assureurs poussent à la création d’un label dépendance, et François Hollande a confié à Michèle Delaunay le poste de Ministre déléguée chargée des personnes âgées et de l’autonomie. Les débats ne devraient donc pas manquer de reprendre sur le sujet de la dépendance et de son financement, après une réforme avortée par le précédent gouvernement.Un reste à charge importantEn 2011, 1.2 million de personnes bénéficiaient de l’allocation personnelle d’autonomie (APA). Et ce nombre pourrait doubler d’ici 2060 selon les prévisions de l’Insee et de la DRESS.Or, une fois encaissé le chèque de l’APA (en moyenne 500 euros par mois), le reste à charge d’une personne dépendante pour se maintenir à domicile ou régler les frais d’un établissement spécialisé est important, compte tenu du niveau moyen des retraites (environ 1200 euros par mois). La Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA) estime ainsi que le coût moyen de la dépendance peut aller de 1500 à 3500 euros pour une dépendance lourde.« 80 % des personnes résidant en institution ne peuvent pas payer la facture avec leurs seuls revenus, mais doivent puiser dans leur patrimoine ou demander de l’aide à leurs proches », écrit la FFSA.L’assurance dépendance souscrite par les classes moyennesDans ce contexte, le cabinet Exton Consulting a interrogé à la fois les distributeurs d’assurance dépendance (AG2R La Mondiale, Groupama, La Banque Postale, Malakoff Médéric, Natixis Assurances et le groupe Prévoir), et 1500 souscripteurs de contrats dépendance, pour prendre le pouls d’un marché qui n’en est encore qu’à ses balbutiements.Pourquoi les personnes qui sont couvertes contre ce risque ont-ils fait cette démarche ? Et quelles évolutions du produit préconisent-elles ? « L’assurance dépendance est un produit qui est essentiellement souscrit par les classes moyennes ou les classes moyennes inférieures, avec une sur-représentation des employés. Les CSP + font quant à elles de l’auto-assurance, en puisant dans leur patrimoine », explique Bertrand Lauzeral, associé chez Exton Consulting.En 2011, un peu plus d’1.5 million de personnes ont souscrit un contrat dépendance selon la FFSA, en hausse de 6% par rapport à 2010. « La rente mensuelle moyenne versée par les sociétés d\'assurances à leurs assurés dépendants s\'élève à 540 euros. Les assurés souscrivent en moyenne auprès des sociétés d\'assurance à partir de 60 ans et versent une cotisation mensuelle moyenne de 29 euros », précise la FFSA.La qualité du conseil primordialeDeux tiers des personnes vivant en couple se sont équipés en même temps que leur conjoint, et généralement chez le même assureur. « Dans 40% des cas, c’est le particulier qui prend l’initiative d’en parler à son conseiller. Les gens sont de plus en plus informés. Leurs motivations pour s’équiper sont principalement le maintien à domicile le plus longtemps possible, le fait de ne pas constituer une charge financière pour ses proches, ou l’inquiétude sur la capacité financière à faire face à une perte d’autonomie », ajoute Bertrand Lauzeral.Les critères de choix des futurs assurés se font notamment sur la possibilité d’être couvert en cas de dépendance partielle, sur la qualité du conseil délivré ou encore sur la possibilité de recourir à des services après l’entrée en dépendance. Tandis que le montant de la rente perçue n’est que le sixième critère retenu, et que celui de la cotisation versée n’apparaît qu’au neuvième rang. Les critères liés à la relation avec le conseiller dominent et l’étude montre d’ailleurs que le démarchage téléphonique et le canal Internet sont très marginaux pour promouvoir ce type de produit. 68% des sondés disent avoir eu connaissance de l’existence de contrats d’assurance dépendance par leur banquier, leur assureur ou leur caisse de retraite complémentaire, 24% par les médias, et 15% par la famille ou les amis.Un coup de pouce fiscal à la souscription plébiscitéSi les assurés sont globalement satisfaits de leur contrat, 49% des sondés considèrent qu’il ne leur permettra pas de couvrir la majorité des dépenses liées à la perte d’autonomie. Et les niveaux d’intention de recommandation du contrat sont par conséquent très faibles.« Un des freins à la souscription consiste dans le fait qu’il est très difficile de comparer les produits. Mais les gens ont aussi conscience que ce qu’ils vont acheter ne couvrira pas la totalité de leurs besoins. La route est longue d’un point de vue commercial », constate Bertrand Lauzeral.Concernant les évolutions du contrat souhaitées par les assurés, ces derniers plébiscitent la possibilité de transmettre les droits de son contrat à son entourage en cas de décès, mais aussi le fait d’avoir le choix entre un paiement unique ou en rente régulière. Les assurés aimeraient aussi pouvoir récupérer une partie du capital en cas de décès avant l’entrée en dépendance.Quant à une future réforme de la dépendance, les sondés mettent l’encouragement fiscal à la souscription en tête de leurs préoccupations, suivi de la simplification des contrats pour mieux pouvoir les comparer, et de l’inclusion de la couverture dépendance aux complémentaires santé ou à l’assurance vie. Instaurer une obligation de s’assurer contre la dépendance dès 40 ans fait par contre un flop. Pour aller plus loinLa dépendance des personnes âgées : une projection en 2040, réalisée par l’Insee : https://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/donsoc06zp.pdf Le débat de la dépendance en 2011, les dossiers du ministère de la Santé : https://www.social-sante.gouv.fr/espaces,770/personnes-agees-autonomie,776/dossiers,758/le-debat-de-la-dependance,2071/ La dépendance en 10 questions/réponses sur le site de la FFSA : https://www.ffsa.fr/sites/jcms/p1_415842/la-dependance-en-10-questions-reponses?cc=fn_7350  
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