L'éditorial de Olivier Provost

En France, parvenir à une société de propriétaires, une « ownership society », comme le disent les Américains, sera peut-être plus long que prévu, malgré les rêves que caressait Nicolas Sarkozy. Le propriétaire immobilier a, c'est vrai, toutes les qualités : il possède un actif concret, il investit pour le valoriser, le protéger, le développer. C'est le client tout trouvé des banques, des assureurs, des vendeurs de meubles, d'électricité, de peinture, de voitures. Un consommateur ancré sur du solide. Mais la récente crise des subprimes a rappelé que tout le monde n'avait pas les moyens d'acheter son bien immobilier, sauf à prendre un crédit tellement long et risqué qu'il constituait la plus dangereuse des bombes à retardement. L'autre loup du projet, ce sont les effets pervers des incitations fiscales que le gouvernement avait mis en oeuvre : effet d'aubaine et prix tirés à la hausse. L'acheteur est devenu investisseur, âgé plutôt que jeune, multipropriétaire plutôt que primo-accédant, retraité plus que salarié. Et c'est l'argent public qui a accompagné cette évolution. Du coup, l'exécutif change son fusil d'épaule, revoit les aides pour l'accession à la propriété et préfère miser sur le développement du prêt à taux zéro. Un retour au pragmatisme un peu tardif - la geste sarkozienne avait du mal à rompre une nouvelle fois avec la fameuse loi Tepa, travail et pouvoir d'achat, votée dans l'euphorie de la victoire en 2007 - mais, sur le papier du moins, une mesure mieux calibrée. De là à faire demain de tous les Français des propriétaires, il y a de la marge. Et à faire des propriétaires heureux, encore davantage. Car avec la hausse des prix en centre-ville, ces petits budgets que sont généralement les primo-accédants se trouvent contraints de s'éloigner de plus en plus de leur lieu de travail et passent un temps accru dans les transports. L'accession à la propriété ne rime pas toujours avec l'amélioration de la qualité de vie. [email protected]
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.