Les banlieues lancent un « appel à la République »

Réveillez-vous ! Nous allons à la catastrophe ! » François Pupponi, député-maire PS de Sarcelles (95), résume à sa manière l'opinion des élus de banlieue. Ceux-ci n'en peuvent plus de « l'indifférence des élites » à leur égard. « Au mieux, on ne connaît pas la banlieue ; au pire, on ne l'aime pas », estime l'élu local. Aussi, les élus de l'association « Ville et Banlieue », une structure qui rassemble des élus de droite et de gauche, ont-ils décidé « d'interpeller la République » sur la double dérive qui guette leurs villes : une ghettoisation et le développement de l'économie soutterraine. Dévoilé par « La Tribune », cet appel sera adopté ce jeudi, à l'issue de l'Assemblée générale de l'association à Trélazé, ville de banlieue d'Angers célèbre pour ses ardoises. « L'enjeu est de garder les classes moyennes dans nos villes, de sauver ce qu'il reste de mixité sociale », explique Xavier Lemoine, maire UMP de Montfermeil.La situation des banlieues est plus que jamais alarmante, en proie à une véritable paupérisation de leurs habitants. Un indice ? « Les impayés de loyers explosent dans ma commune », témoigne Claude Dilain, maire PS de Clichy-sous-Bois et président de « Ville et Banlieue ». Les villes, elles, cumulent fortes charges sociales et faibles recettes fiscales. davantage de solidaritéAussi, les élus réclament-ils davantage de solidarité de la part des autres collectivités, proposant de doubler en dix ans les montants consacrés à la péréquation entre communes (de 3,6 à 7,2 milliards d'euros). Les maires demandent aussi un ciblage plus précis de la DSU, Dotation de solidarité urbaine. Celle-ci est aujourd'hui attribuée à 750 communes. « Il faudrait la cibler sur celles qui ont les revenus/habitant et les potentiels financiers les plus faibles : c'est-à-dire sur les 150 communes pauvres où habitent des ménages pauvres », précise Claude Dilain.Le gouvernement a inscrit dans le projet de loi de finances pour 2011 des dispositions en faveur d'une solidarité accrue envers les banlieues qui, estiment les maires, vont dans le bon sens. Mais ceux-ci sont très inquiets d'un article du projet de loi de réforme territoriale, qui limite les cofinancements entre collectivités locales, et oblige les communes à financer au moins 30 % de leurs investissements. « Le législateur a introduit une dérogation pour que les communes rurales puissent construire leurs gymnases, mais pas pour nous ! », s'indigne François Pupponi. « Depuis dix ans, chez moi, il n'y a pas un seul investissement qui n'ait été subventionné à plus de 70 % », témoigne Xavier Lemoine. L'article en question pourrait faire l'objet d'arbitrages en commission mixte paritaire. « On se bat pour qu'il disparaisse», assure François Pupponi. Le Conseil National des Villes a émis à l'unanimité un voeu en ce sens la semaine dernière.
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