La crise rattrape le capital-développement français

Les professionnels français du capital-développement ont eu des occasions plus joyeuses de se réunir. L\'ambiance était à l\'avenant du ciel gris pour cette journée annuelle du capital-développement, qui se déroulait mardi à Paris, sous l\'égide de l\'Afic (association française des investisseurs pour la croissance), laquelle défend les intérêts du capital-investissement. Le capital-développement, qui, comme son nom l\'indique, finance le développement de sociétés via l\'apport de fonds propres, «était le seul segment du capital-investissement non encore affecté par la crise financière qui sévit depuis 2007», a rappelé Chloé Magnier. Si la chef économiste de l\'Afic emploie l\'imparfait, c\'est parce que la crise a désormais rattrapé le capital-développement.Une chute de 88% des fonds levésUne crise illustrée par la difficulté à lever des fonds auprès de banques, d\'assureurs et autres investisseurs institutionnels. Au premier semestre, les sociétés françaises de capital-développement ont levé 105 millions d\'euros seulement, alors qu\'elles avaient récolté 888 millions sur l\'ensemble de l\'année 2011. A l\'origine de cette chute de 88% des fonds levés: la désertion des banques et des compagnies d\'assurance, contraintes, en vertu des futures réglementations de Bâle III et de Solvabilité II, de renforcer le montant des fonds propres placés en face d\'engagements jugés risqués, comme le capital-investissement.Un plongeon de 26% des investissementsJusqu\'à présent, c\'étaient surtout les fonds de capital-risque qui avaient fait les frais de Bâle III et de «Solva II», le capital-développement étant par nature plus sûr. Mais, désormais, le «cap-dév» lève moins de fonds qu\'il n\'investit, «rejoignant ainsi la tendance déjà observée dans les autres segments du capital-investissement», soupire Chloé Magnier. Or, grâce à ses investissements -lesquels, bien qu\'en chute de 26%, se sont encore élevés à 895 millions d\'euros au premier semestre-, «le capital-développement permet à des entrepreneurs de réaliser des projets pour lesquels ils ne disposaient pas de suffisamment de fonds propres», souligne Louis Godron, président de l\'Afic. Ces fonds propres qui font tant défaut aux PME françaises, selon le rapport Gallois sur la compétitivité, remis à François Hollande le 5 novembre.Les PME et les ETI en première ligneDe fait, les fonds de capital-développement français sont investis dans pas moins de 2.833 sociétés, dont 90% sont basées en France et 60% en région, plus précisément. De plus, il s\'agit exclusivement de PME (à 84%) et d\'ETI (entreprises de taille intermédiaire, 16%), dont nombre d\'experts déplorent le manque en France. Or «la croissance économique ne provient que des décisions d\'investissement des entrepreneurs», rappelle Louis Godron. Qui se dit, par conséquent, «très inquiet pour la conjoncture». 
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