téC'est une scène qui se répète régulièrement : un médecin annonce à sa patiente qu'elle souffre d'hyperparathyroïdie, un dérèglement de glandes du cou qui entraîne une décalcification des os. Pour éviter une ostéoporose, il va conseiller une intervention chirurgicale pour enlever la glande. Or souvent la personne se sent en pleine forme : elle ne ressent pas encore de douleur osseuse et va refuser cette intervention. La start-up Theraclion propose au chirurgien une alternative intéressante : la destruction de la glande par une émission d'ultrasons à haute fréquence, donc sans acte chirurgical.« Cette technologie existe depuis longtemps et elle est utilisée dans d'autres pathologies, mais grâce aux progrès récents de l'imagerie médicale, nous pouvons détruire des glandes très petites situées dans une zone sensible comme le cou avec beaucoup plus de précision, au millimètre près », explique Ismaël Nujuralli, directeur général de l'entreprise fondée en 2004. La machine intègre, dans un bras articulé, un échographe pour repérer la zone à traiter et un faisceau à ultrasons pour le traitement. L'opération dure une trentaine de minutes, le patient étant anesthésié pour ne pas ressentir la douleur provoquée par la chaleur dégagée dans le cou. « Après une série de tests sur l'animal, nous avons effectué des essais cliniques sur des patients qui devaient être opérés. Lors de l'intervention, les chirurgiens ont pu vérifier que les glandes parathyroïdes étaient bien détruites », poursuit Ismaël Nujuralli. Cette technologie a obtenu le marquage CE en 2007.Theraclion va commencer la commercialisation de ses appareils en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Italie. En attendant la France, dont l'assurance-maladie n'a pas encore prévu de rembourser cet acte médical. L'approbation des autorités sanitaires américaines sera plus longue à obtenir. La stratégie de Theraclion est de se focaliser en 2010 sur l'installation d'une dizaine de machines en Europe dans des hôpitaux de référence. « Ces chirurgiens vont effectuer de nombreuses?interventions pour démontrer aux autorités américaines l'intérêt de cette technologie », explique David del Bourgo, directeur du développement de l'entreprise. Deux mille opérations sont effectuées chaque année aux États-Unis contre seulement 150 en France. Autre avantage de cette technique : le coût d'acquisition du matériel (autour de 500.000 euros) et la rapidité de l'intervention sont plus économiques qu'une hospitalisation classique. Theraclion emploie une dizaine de personnes. Elle a été financée par Truffle Capital et Oséo.Theraclion travaille déjà sur la prochaine génération d'appareils à ultrasons. En partenariat avec le spécialiste de l'imagerie Supersonic Imagine, elle a lancé un programme de recherche sur cinq ans ? financé par Oséo à hauteur de 8,5 millions d'euros ? pour améliorer les informations (température, élasticité des tissus) proposées au chirurgien avant l'intervention.Laurent Pericone Deux mille opérations sont effectuées chaque année aux États-Unis.

latribune.fr

14 Nov 2009, 1:45

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