Souriez ! Vous êtes gentil

Le travail est-il le lieu où doit s\'exercer la gentillesse ?  \"Si on dit cela on piège les gens, nous ne sommes pas chez les Bisounours. Le mot essentiel c\'est le respect et pas la gentillesse\", commente un coach. C\'est dire bonjour, au revoir et merci. C\'est aussi savoir comprendre ce que vit l\'autre, non pour être gentil mais pour le respecter. Si on a pour ligne de mire la seule productivité on crée de la relation instrumentalisée. Là est toute la différence entre les vrais bons managers et les autres.Ainsi le parfait manager est conscient de ses responsabilités, et son autorité est en général bien reconnue. Confiant dans ses capacités il est à même de faire progresser ses équipes. Sachant qu\'il ne peut pas tout faire, il confie une partie des tâches à ses collaborateurs mais garde celles où sa valeur ajoutée compte. Pas gentil donc, mais soucieux de l\'autre. Le faux délégant, lui, est heureux que cette possibilité existe mais confond délégation et déresponsabilisation. Ce qui signifie qu\'il délègue très facilement en répétant qu\'il fait confiance. Seulement, le jour où il doit trancher pour aider au choix final il éprouve d\'énormes difficultés. Idem pour défendre un dossier face à la hiérarchie où il aura par peur une attitude de fuite et de désengagement. La prise de décision l\'effraie bien qu\'il soit souvent de compagnie très agréable dans l\'entreprise, et possède une bonne vision des choses. Bref c\'est un gentil....qui manque de confiance en lui. Dans la même série on trouve aussi celui qui surinvestit à l\'inverse sa responsabilité qu\'il confond avec sa culpabilité. Ce qui lui donne le sentiment de tout porter sur ses épaules et peut le rendre très stressant pour ses équipes. D\'autant qu\'il a du mal à les faire progresser car il craint de leur signaler des erreurs et préfère prendre sur lui. C\'est un manager souvent attachant qui ne compte pas son temps pour sa boîte. Besogneux il a tout pour se faire abuser par ses collaborateurs. Là encore il est gentil. Enfin le manager contrôlant éprouve quant à lui des difficultés à partager. La délégation est pour lui une façon idéale d\'alléger son travail mais il veut tout vérifier, contrôler pour laisser planer son imprimatur. Il incommode peu les collaborateurs d\'un niveau moyen, aimant être encadrés, par contre il frustre les talents. Il craint de perdre sa valeur en déléguant et se sent vite menacé. Celui-là n\'est pas gentil mais pas plus respectueux pour autant. Il confond pouvoir et autorité et passe vite en mode tyran. Au total les gentils comme les méchants ne font pas la preuve de leur efficacité. Les respectueux si. \"Les Français aspirent à plus de gentillesse. Or le principal obstacle est le manque d\'estime de soi. Être à l\'écoute des émotions et des besoins d\'autrui demande une grande sécurité intérieure\", relève le psychiatre Serge Tisseron.Mais qu\'est-ce au juste que la gentillesse ? Pour Stefan Einhorn, auteur de \"l\'art d\'être bon\", cette qualité ne se nourrit pas de bonnes intentions mais d\'actions généreuses et de critiques constructives. Trois éléments caractérisent, selon lui, une bonne critique : premièrement, elle a lieu en privé ; deuxièmement, elle est formulée dans l\'espoir de faire évoluer le comportement du destinataire ; troisièmement, elle est énoncée avec sympathie.Pour illustrer son propos, le médecin prend un exemple, à priori farfelu, mais qui pourrait en plonger plus d\'un dans l\'embarras : est-il de notre devoir de dire à quelqu\'un qu\'il a mauvaise haleine ? Beaucoup répondront non en invoquant le manque d\'égard, la volonté de ne pas blesser l\'autre ou considéreront que ça n\'est pas leur problème. Pourtant, l\'intéressé atteint de cette disgrâce peut être mis à l\'écart par certains sans le comprendre. \"La lâcheté serait-elle une raison suffisante pour ne pas donner à une autre personne la possibilité de s\'améliorer ?\", s\'interroge le médecin.Sortir de son petit confort frileux n\'est pas toujours facile et parler vrai suppose parfois une bonne dose de courage. \"La gentillesse n\'est pas de façade, considère Thomas d\'Ansembourg, psychothérapeute, formateur en communication non-violente. Nous avons souvent appris à porter un masque de complaisance en taisant nos colères, nos désarrois ou nos désaccords pour ne pas déranger. La bonté, elle, nous invite à oser être vrai.\" Il ne s\'agit pas de balancer ses quatre vérités à celui avec qui l\'on est en désaccord, mais d\'exprimer avec sincérité et bienveillance ce que nous ressentons, ce qui suppose estime de soi et confiance en l\'autre.La vraie gentillesse n\'est donc pas un sentiment angélique et n\'a que peu de choses à voir avec celle qu\'on nous a apprise enfant et qui parfois frisait l\'hypocrisie. \"L\'éducation dont nous sommes pétris laisse peu de place à l\'expression des désaccords et aux conflits, considère le psychothérapeute. On ne cherche pas à écouter ce qu\'il y a dans le coeur des gens.\"La bonté procède par empathie, écoute, attention à l\'autre. C\'est tout un art. \"Si je n\'aime pas certaines choses en moi, je ne les supporterai pas chez l\'autre. C\'est l\'effet miroir\", poursuit-il. Etre vraiment gentil avec les autres suppose d\'avoir fait un travail d\'intériorité pour identifier nos besoins. Bref, d\'être gentil envers soi-même. Donc cessez d\'être gentil soyez vrai ! 
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