« Orangina a un énorme potentiel de développement »

Luis Bach, pdg d'Orangina SchweppesComment s'est déroulée l'acquisition éclair par Suntory ?Suntory est un groupe familial japonais 100 % privé. C'est le PDG, Nobutada Saji, qui est venu nous voir cet été, Javier Ferran [le patron du fonds Lion Capital, qui a acheté Orangina à Cadbury en 2006, Ndlr] et moi-même, pour nous dire qu'Orangina était le meilleur partenaire pour son développement en Europe. Il avait étudié très discrètement le dossier pendant un an ! Et, effectivement, nous sommes parfaitement complémentaires en termes de portefeuille et de géographie. Si bien que le deal s'est finalisé en à peine un mois et demi. Mais l'intégration réelle commence maintenant. Je pars au Japon la semaine prochaine pour rencontrer tout le monde.Qu'est-ce qui intéressait réellement Suntory ?Ce groupe de 12 milliards d'euros de chiffre d'affaires s'est construit depuis sa création en 1899 sur les alcools. Face à un Japon vieillissant, qui consomme de moins en moins de vin et de whisky, il s'est tourné vers les boissons sans alcool. Elles représentent 55 % des ventes en 2008 et vont encore croître en 2009 avec le rachat de Frucor et de V, sa marque de boisson énergisante, et d'Orangina. Le but de Suntory est de créer des plates-formes de développement dans le monde entier pour massifier les achats, la distribution, la production, etc.Que va-t-il faire de cette nouvelle plate-forme européenne ?Suntory va nous apporter une toute nouvelle puissance financière pour investir sur nos marques. Nous avons déjà un projet de thé avec Oasis pour mars 2010 en France. D'autres marques, déjà présentes dans son portefeuille asiatique, comme des thés, des boissons énergisantes ou à base d'alicaments, pourront être lancées en Europe. Le groupe dispose de 350 chercheurs et a lancé, rien qu'au Japon, 157 nouvelles boissons cette année ! Mais nous grossirons aussi par croissance externe. Nous cherchons des marques axées sur la santé et le bien-être, qui soient premium et leader de leur catégorie, comme le sont Orangina, Oasis, Schweppes ou Pulco, qui représentent 80 % de notre chiffre d'affaires. Il y a encore beaucoup d'opportunités en Europe de l'Est, au Moyen-Orient et en Asie.Quid de l'exportation d'Orangina ?Cette marque, qui n'a jamais fait partie du c?ur de métier de ses deux propriétaires précédents, Pernod Ricard et Cadbury, a un énorme potentiel de développement. Elle déclinait depuis vingt ans avant de repartir en 2008 et de connaître une vraie croissance aujourd'hui. Depuis mon arrivée, il y a deux ans, j'ai prouvé qu'Orangina pouvait se développer hors de ses deux marchés principaux, la France et l'Espagne. Cette année, j'ai conclu des partenariats avec des embouteilleurs en Russie, en Inde, en Afrique du Sud, etc. Si bien que la filiale internationale est passée de 15 % à 30 % de nos volumes et pèse 20 % de nos ventes. Au total, notre chiffre d'affaires est passé de 800 millions à 1,04 milliard d'euros entre 2005 et 2009 et notre rentabilité de 140 à 227 millions. Grâce à Suntory, nous ouvrons en février 2010 un bureau à Singapour pour lancer Orangina au Vietnam, en Australie et en Nouvelle-Zélande, et pour prospecter la Chine et la Thaïlande. Cette marque, qui pèse 200 millions d'euros aujourd'hui, peut donc décoller. Rien qu'au Japon, Suntory est propriétaire de 400.000 distributeurs automatiques, quand Coca-Cola n'en possède que 100.000 en France. Ça fait rêver, non ?Vous n'avez donc pas souffert de la crise ?En France, pas du tout. Nos ventes font un bond de 13 % cette année, ce qui nous classe en tête des taux de croissance de tous les produits de grande consommation. Orangina, grâce notamment à ses versions Cowboy et Indien, progresse de 22 %, ce qui nous ouvre un boulevard de déclinaisons de parfums. L'Espagne, où le marché hors domicile s'est effondré de 15 %, est plus difficile. Mais nous avons continué à croître dans les grandes surfaces et n'avons perdu que 8 % à 10 % dans les cafés-hôtels-restaurants.Votre mariage avec Suntory a fait des émules dans le secteur !Oui, tout le monde s'est réveillé d'autant plus vite qu'il n'y avait plus aucune visibilité depuis près de deux ans. Notre intention initiale était de nous introduire en Bourse, mais l'offre de Suntory nous a vite convaincus. Pour Blackstone et Lion Capital, elle représente la plus belle sortie de l'année 2009. Nous ne pouvons rien dire du prix d'achat mais, vous savez, c'est comme dans l'immobilier : les bons actifs ne se déprécient pas avec la crise. Suntory discute aussi avec le numéro un japonais des alcools, Kirin. Si le deal se fait, le groupe atteindrait plus de 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ce qui nous placerait en compétition directe avec Coca-Cola et PepsiCo. nSuntory est propriétaire de 400.000 distributeurs automatiques au japon, quand Coca-Cola n'en possède que 100.000 en France. Luis Bach, ex-directeur régional Europe du Nord, Proche-Orient et Afrique de Bacardi-Martini, a pris la direction d'Orangina fin 2007.
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