Dubaï continue de payer ses folies immobilières

«un projet de l'échelle de Burj Khalifa n'arrive qu'une seule fois dans une vie ». La formule figure dans le petit musée installé au pied de la cette tour de 828 mètres ? la plus haute du monde ? inaugurée en grande pompe au début de l'année à Dubaï. Son auteur, le président d'Emaar Properties qui a bâti l'édifice, aurait pu ajouter qu'un « krach immobilier de cette échelle n'arrive qu'une fois dans une vie » !Dubaï n'en finit pas de payer l'addition de ses folies immobilières. Les grues n'ont pas totalement disparu du petit émirat mais les panneaux « À vendre » et « À louer » y sont bien plus nombreux. Les projets immobiliers à l'abandon, à l'image de ces deux tours dont la construction a été interrompue au douzième étage, sont légion. Le taux d'occupation atteint 60 % seulement et devrait encore chuter. Plus de 1,8 millions de mètres carrés de bureaux ? l'équivalent de 40 % des surfaces existantes ? doivent encore être livrés au cours des quatre prochaines années, expliquait récemment CBRE, numéro un mondial de l'immobilier de bureau. De nombreux promoteurs sont en effet tenus par contrat de livrer les immeubles. Résultat, les prix des bureaux - qui ont déjà chuté de 60 % depuis la mi-2008 - devraient encore baisser de 10 % cette année, selon Standard Chartered. Les loyers suivent la tendance. Dubai International Financial Center, une zone franche, vient d'annoncer une réduction de moitié de ses loyers. Après avoir volé la vedette à son riche voisin d'Abou Dhabi, qui à sa différence produit 2 millions de barils de pétrole par jour, Dubaï fait aujourd'hui profil bas. Symbole de tous les excès, la plus haute tour de Dubaï ne s'appelle pas Burj Dubaï, comme prévu initialement, mais Burj Khalifa - du nom de l'ancien émir d'Abu Dhabi mort en 2004. Le Burj Al Arab, le célèbre hôtel en forme de voile qui symbolise Dubaï, est aussi passé sous pavillon d'Abu Dhabi. La nomination de Sheikh Ahmed bin Saeed Al Maktoum, le patron de la compagnie aérienne Emirates, à la tête de Dubaï World, donne le coup d'envoi d'une nouvelle vague de restructuration. Le holding public a fait défaut sur 24 milliards de dollars il y a un peu plus d'un an. Il a jusqu'ici réussi à rééchelonner 14 milliards. Mais Dubaï World n'est pas un cas isolé. D'autres structures publiques, comme Dubai Holding Commercial Operations Group, Dubai International Capital, ou encore le promotteur Nakheel renégocient leur dette. Abu Dhabi pourrait être le principal bénéficiaire des difficultés de Dubaï. Les deux émirats affichent les mêmes ambitions dans les domaines financier, aérien (Emirates et Etihad) et portuaire. Mais cette duplication pourrait s'achever par un rapprochement, Dubaï ayant annoncé la privatisation de plusieurs bijoux de la couronne. La force de frappe d'Abu Dhabi est telle que l'émirat pourrait avaler son voisin d'une seule bouchée : le fonds souverain d'Abu Dhabi (Adia) gère à lui seul 600 à 800 milliards de dollars !
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