Le marché obligataire américain défie la Fed

C'est dans un contexte de tensions persistantes sur le marché obligataire américain, attisé par le retour du goût du risque, que va se dérouler ce mardi le dernier des huit conseils annuels de la Réserve fédérale. Le rendement des taux à dix ans, qui évolue à l'inverse des prix, s'est tendu de 195 points de base depuis l'annonce le 3 novembre par la Fed de la deuxième vague d'assouplissement monétaire quantitatif, le QE2, via l'achat de 600 milliards de dollars supplémentaires de titres de la dette publique des États-Unis d'ici à fin juin. Parti d'un plancher historique de 2,38 % début octobre et de 2,45 % lors de l'annonce du QE2, le taux des emprunt d'État à dix ans s'est négocié lundi jusqu'à 3,39 %, au plus haut depuis six mois. Cette remontée est certes impressionnante, mais il convient de rappeler qu'avant d'être échaudés par la qualité de la reprise économique américaine, les opérateurs avaient fait grimper les rendements à dix ans jusqu'à 4 % début avril.Les tensions d'aujourd'hui reflètent-t-elles une nouveau coup de blues chez les opérateurs de marchés, qui mettraient ainsi en porte-à-faux la stratégie de la Fed, dont le but avoué était de maintenir les taux au plancher pour stimuler l'économie ? Ce serait voir le verre à moitié vide. Car la politique de la Fed a bien tenu son pari de redynamiser l'activité, comme en attestent les derniers indicateurs économiques américaine. Au redressement en cours s'ajoute le compromis « expansionniste » passé par Barack Obama avec le Congrès sur la prolongation pour deux ans des baisses d'impôts de l'ère Bush, en échange d'un allongement de l'assurance chômage. Autre victoire de la FedAu point que les économistes ont révisé en hausse tous leurs scénarii de croissance. Pour le dernier trimestre 2010, leurs prévisions s'échelonnent désormais de 2,5 % à 3 % contre 2 % à 2,5 % avant la publication des premiers indicateurs de novembre, constate Christian Parisot, chef économiste d'Aurel BGC, alors que les pronostics pour 2011 ont été fortement réévalués et font ressortir un taux de croissance compris entre 3,5 % et 4 %. Une telle progression permettrait de sortir de l'impasse de la stagnation du marché de l'emploi. Et de ranimer les anticipations d'inflation des acteurs du marché obligataire, ce qui constituerait une autre victoire pour la Fed, dont c'est l'autre objectif implicite. Son président, Ben Bernanke, l'avait sous-entendu lorsqu'il avait laissé entendre le 5 décembre que le programme de rachat de dette en cours pourrait être abondé, « si nécessaire ». Or, pour l'heure, tout indique qu'il est urgent d'attendre. Mais pour éviter une surréaction supplémentaire du marché obligataire, il y a gros à parier que le communiqué de la Fed adoptera ce mardi, un ton très accommodant.
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