Le marché des « credit default swaps » se dégonfle

La crise aura eu du bon. Elle aura permis de faire dégonfler le marché de « credit default swaps » (CDS), ces fameux titres de couverture contre le risque de défaut d'un émetteur de dettes aujourd'hui surveillés comme le lait sur le feu dès qu'il s'agit de risque souverain. D'un peu plus de 58.000 milliards de dollars à fin 2007 (en valeur notionnelle, c'est-à-dire le montant brut des couvertures), ce marché a été ramené à 30.261 milliards à la fin du premier semestre, selon le rapport trimestriel de la Banque des règlements internationaux (BRI). L'organisme américain DTCC, qui tient un registre consolidé sur ce marché, donne un montant de 26.624 milliards de dollars début décembre.Astronomique, ce marché avait provoqué des sueurs froides au plus fort de la crise. À un risque de défaut qu'ils cherchaient à couvrir, ses participants avaient substitué un risque de contrepartie. Les difficultés d'AIG et la faillite de Lehman Brothers ont permis d'en prendre conscience. Politiques et régulateurs ont exigé des solutions pour sécuriser les marchés de gré à gré. Dès la fin 2008, la Réserve fédérale de New York et la Banque centrale européenne ont poussé l'industrie vers des solutions de compensation. En s'interposant entre acheteurs et vendeurs de protection, une chambre de compensation prend en charge ce risque de contrepartie, évitant ainsi que le défaut d'un seul intervenant sur le marché n'entraîne des faillites en chaîne. Cycles de compressionLes acteurs du marché des CDS, membres de l'International Swaps Derivatives Association, ont joué le jeu. Des cycles de compression ont été initiés permettant de réduire le nombre des contrats en circulation. Jusqu'à la mi-2007, les intervenants qui souhaitaient sortir d'une position sur CDS ne mettaient que rarement fin à leur contrat, préférant nouer une position inverse avec une autre partie. Ce qui multipliait le nombre de contrats et les montants notionnels du marché. Trois sociétés (Trioptima, Markit et Creditex) ont retracé ces positions croisées s'annulant entre elles pour tenter de compresser le marché. L'effort de standardisation des contrats a aidé au mouvement. Sans cette compression, les experts de la BRI estiment que le marché des CDS représenterait aujourd'hui 80.000 milliards de dollars. La compensation a fait le reste. Depuis mars 2009, l'IntercontinentalExchange a sécurisé des contrats CDS pour l'équivalent de 14.000 milliards de dollars (selon ses statistiques à fin novembre). Selon la BRI, 10,5 % des encours seraient aujourd'hui détenus via une chambre de compensation. Toutefois, la cure d'amincissement du marché ayant commencé très fort sur 2008 et 2009, le dégonflement du marché des CDS devrait aller plus lentement désormais, prédit la BRI.
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