« Au sein de l'Alliance, on sent que le pouvoir est en train de passer aux gens de Nissan », lâche le patron d'un gros équipementier automobile européen. Résultat inquiétant d'un déséquilibre croissant entre... Renault et son allié Nissan ! Le double PDG Carlos Ghosn est d'ailleurs conscient du problème et admet « in petto » la nécessité de « rééquilibrer » les deux partenaires. Pour cela, il compte sur le russe Avtovaz (Lada), contrôlé par Renault, et dont les ventes ajoutées à celles du français permettraient de combler partiellement l'écart, qui se creuse entre ce dernier et le japonais.Il y a douze ans, au moment où l'Alliance a été scellée, Renault et Nissan étaient des entreprises de taille globalement comparable. La firme nippone vendait seulement 350.000 véhicules de plus que Renault. Son chiffre d'affaires était supérieur de 9 milliards d'euros à peine. Enfin, Nissan affichait des pertes, alors que l'ex-Régie arborait un bénéfice (net) de 1,35 milliard. Mais le redressement de Nissan a... trop bien réussi, bien mieux en tout cas que la relance du constructeur au losange.Car, aujourd'hui, changement de décor ! Nissan - dont Renault détient 43,4 % du capital - a écoulé, en 2010, 1,46 million de véhicules de plus que son partenaire de Boulogne-Billancourt. Il progresse plus vite (+ 21,5 %, contre + 14 % pour Renault). Son chiffre d'affaires se monte carrément à plus du double, avec un écart de... 40 milliards d'euros ! Et, financièrement, Nissan prévoit au titre de 2010 (exercice clos fin mars 2011) un bénéfice (d'exploitation) de... 4,2 milliards d'euros plus élevés que celui de son actionnaire ! Nissan est en effet présent sur les marchés très rentables de la Chine ou des États-Unis, dont Renault est absent.Cette disparité devient forte également en termes de technologies. Le japonais est en pointe dans les moteurs à essence ? qui restent les plus populaires dans le monde, le Japon, la Chine, les États-Unis, ne prisant guère les diesels -, les gammes moyennes supérieures, le haut de gamme, les 4×4, les modèles sportifs, les hybrides et aussi... l'électrique. Nissan a démarré fin 2010 la vente de sa Leaf « zéro émission ». Et il pilote la coentreprise dans les batteries avec NEC... Alain-Gabriel Verdevoye

latribune.fr

14 Févr 2011, 23:33

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