EDF en petite forme pour affronter les turbulences de 2011

Ce n'est pas au mieux de sa forme que l'électricien national va attaquer les profondes modifications qui l'attendent en 2011. EDF devrait publier, ce mardi, un bénéfice net de 3,44 milliards d'euros, en recul de 12 %, selon le consensus Dow Jones. Et 2011 s'annonce plus difficile encore, avec de nombreuses incertitudes qui pèsent sur le groupe.D'abord, EDF risque de se retrouver pour la première fois de son existence face à une « vraie » concurrence sur le marché français, qui génère en moyenne 65 % de l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) du groupe. Au terme de la loi Nome votée en décembre, c'est l'électricien national lui-même qui doit donner à ses concurrents les moyens de lui tailler des croupières. Au grand agacement de son PDG Henri Proglio. « Je ne vois pas pourquoi la France serait la plus abrutie des nations où on ferait cadeau du patrimoine national à des concurrents », s'est-il énervé devant des députés fin janvier. La partie n'est pas complètement jouée. L'impact sur l'activité et les comptes d'EDF dépend essentiellement du prix auquel le groupe sera obligé de céder, à partir du 1er juillet prochain, à GDF Suez, Poweo et autre Direct Energie jusqu'à un quart de sa production nucléaire. Ces derniers demandent 35 euros le mégawattheure (MWh) quand EDF estime qu'il faudrait 45 euros.croisade nucléairePour Henri Proglio, à 42 euros le MWh, cela coûterait 10 milliards d'euros à EDF sur quatre ans. Or, tout le monde attend, en mars, une décision autour de 38 euros... En interne, chez EDF, on minimise en expliquant que chaque baisse de 1 euro du prix de l'électricité à partir de 45 euros impacte l'Ebitda de 80 millions par an. Au-delà des conséquences financières, c'est la modification de l'environnement concurrentiel que redoute le groupe, qui va devoir se battre avec la plupart des électriciens européens pour conserver l'exploitation de ses grands barrages. Depuis le début de l'ouverture du marché français de l'électricité en 2000, EDF n'a concédé à ses concurrents que 5 % de ses ventes aux particuliers et 15 % de celles aux entreprises.Autre grande incertitude, qui devrait être tranchée lors d'un conseil de politique nucléaire présidé par Nicolas Sarkozy début mars : la stratégie nucléaire du groupe. Henri Proglio veut qu'EDF participe « en tant que concepteur, maître d'oeuvre délégué ou opérateur » à la construction d'un maximum de réacteurs parmi ceux qui sont supposés éclore sur la planète. Pour mener à bien cette mission, il entend prendre la tête de l'ensemble de la filière nucléaire française, dont le frère ennemi Areva. Encore faut-il que cette ambition, qui fait débat en interne, soit validée par l'État actionnaire des deux sociétés. Peut-être Henri Proglio voit-il dans cette croisade nucléaire un moyen de compenser la diminution brutale de ses activités internationales (sortie de l'allemand EnBW, vente de son réseau britannique, divorce avec son partenaire américain Constellation) qui avaient tiré le bénéfice 2009 grâce au bond de 53 % de leur Ebitda (8 milliards d'euros). Et ce n'est peut-être pas fini puisqu'EDF pourrait être amené à quitter l'Italie en 2011. Les négociations avec les collectivités locales copropriétaires de sa filiale Edison commencent officiellement mi-mars.
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