La Suisse menace de révéler des noms de politiques allemands

Argent, politique et secret bancaire... un cocktail explosif. La lutte contre l'évasion fiscale en Suisse pourrait tourner au grand déballage. Un conseiller national suisse menace l'Allemagne de divulguer les noms de personnalités publiques qui auraient des comptes cachés en Suisse, si Berlin s'entête à vouloir acheter des listes de fraudeurs volées à des banques helvétiques.« Si l'Allemagne achète des données bancaires, nous allons travailler en vue de modifier la loi pour que l'ensemble des comptes suisses de personnalités allemandes, qui remplissent des fonctions publiques, soient rendus publics », a menacé le conseiller national Alfred Heer, membre de l'Union démocratique du centre (UDC, parti populiste), dans « Bild ». Le quotidien allemand indique que « des sources proches du secteur financier suisse disposent d'indications selon lesquelles des responsables politiques et des juges allemands ont eu des comptes ou des fondations au Liechtenstein ou en Suisse ».Le fait d'acheter des données volées ne semble plus poser de problèmes éthiques à l'Allemagne. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a indiqué samedi qu'il « [allait] soutenir l'acquisition » d'un CD contenant les noms de fraudeurs allemands disposant de comptes en Suisse. « Ma compassion pour les gens qui fraudent régulièrement le fisc en mettant leur fortune dans un autre pays est en tout cas limitée », a-t-il indiqué. Ce choix assumé de recourir à des listings volés pour lutter contre la fraude fiscale suscite évidemment des vocations. six CDSelon le journal suisse « Sonntag », six CD comportant les noms de fraudeurs allemands ont été proposés à quatre États régionaux allemands : un CD avec 1.500 noms à la Rhénanie-du-Nord-Westphalie ; un CD avec 1.742 noms au Bade-Wurtemberg ; trois CD au Land de Bayren et un CD avec 363 noms au Schleswig-Holstein. Les données concerneraient les géants helvétiques UBS et Credit Suisse, mais également la Banque cantonale de Zurich, selon le journal dominical.Même si 62 % des Suisses s'opposent à sa disparition, selon un sondage du journal helvétique « Le Matin dimanche », la fin du secret bancaire suisse ne semble plus taboue. La semaine dernière, le ministre suisse des Finances, Hans-Rudolf Merz, avait évoqué la possibilité d'étudier la question de l'échange automatique d'informations bancaires entre la Confédération et l'Union européenne en contrepartie d'un accès pour les banques suisses au marché européen des services financiers. « Si nous voulons un tel accord avec l'UE, nous devrions être prêts à accepter les règles européennes ? et l'Europe dispose de l'échange automatique d'informations », a déclaré le ministre.La proposition a reçu un accueil assez froid de la place bancaire suisse. Le président de l'Association suisse des banquiers (ASB) estime que l'échange automatique de données est « inefficace ». Sa préférence va à un prélèvement « libératoire » sur les dividendes et les plus-values qui serait ensuite reversé aux fiscs étrangers, préservant ainsi l'anonymat des clients. n
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.