Une injustice de l'après-Madoff

L'affaire Dexia Private Banking (lire nos informations page 27) est, une fois de plus, révélatrice de la manière dont les banques prises dans l'affaire Madoff ont géré la contradiction dans laquelle elles se trouvent : pour sauver la relation avec ces « bons clients » à qui elles avaient vendu du Madoff, elles leur ont proposé de rembourser leurs pertes au moins partiellement. Celles qui, comme la banque espagnole Santander, ont décidé d'en rembourser l'intégralité, l'ont fait publiquement, choisissant ainsi leur image et leur réputation de long terme, quitte à sacrifier leur rentabilité immédiate. Mais la plupart ont négocié sous le manteau, histoire d'éviter une dangereuse, et potentiellement coûteuse, propagation des recours judiciaires. Sans craindre parfois, comme Dexia, de traiter leurs clients de manière parfaitement inéquitable, à l'aune de critères opaques tenant sans doute davantage à leur capacité de nuisance qu'à autre chose. Pour sauver d'abord leur sécurité financière, ces banques ont donc fait le choix de leurs résultats contre leurs clients, donc contre leur réputation. Aussi n'est-ce pas un hasard si UBS, mais aussi HSBC en Suisse, font face aujourd'hui à des décollectes massives de la part de grands clients, qui leur préfèrent de petites officines. Il faut dire aussi que, comme l'a révélé l'affaire Madoff, toutes ces grandes banques se trouvant tantôt dépositaires, tantôt gérantes de fonds, sont dans l'incapacité de choisir leurs clients contre le business, en attaquant une banque concurrente qui pourrait à son tour se retourner contre elles. Une sorte de schizophrénie en somme, qui finit par tuer la bonne vieille relation bancaire. [email protected] Valérie Segond
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