La défense de Kerviel confortée par un trader de BNP Paribas

Cinquième jour du procès de Jérôme Kerviel, ce lundi. Le témoin le plus attendu de la journée est Christophe Mianné, responsable des dérivés actions de la Société Généralecute; Générale au moment des faits. Désormais patron de l'ensemble des activités de marché, il est le seul de tous les supérieurs hiérarchiques de Kerviel à être toujours en poste (lire « La Tribune » du 14 juin). « Ce qu'attend la banque, affirme-t-il, c'est de la régularité et pas de perte. Tout le monde le sait car je faisais 5 ou 6 discours par an devant les collaborateurs, dont M. Kerviel, pour l'expliquer. On ne demande pas d'exploits ». Lors de l'interrogatoire mené le samedi 19 janvier au sein de la banque, ce qui l'a marqué, « c'est que Kerviel ne voulait pas révéler ses positions, alors que nous avions besoin de les connaître le lundi matin pour pouvoir les gérer. Il se bornait à dire qu'il avait trouvé une martingale, qu'il avait gagné 1,4 milliard tout seul, mais il occultait la période précédente où il avait perdu plus de 2 milliards ». Avant d'enfoncer le clou : « pendant les jours qui ont précédé, alors qu'il savait qu'il allait être découvert, il n'a fait qu'augmenter sa position, ce que je trouve criminel. J'espère que ce n'était pas pour envoyer la banque dans le mur, mais vu qu'il ne voulait rien nous dire, on peut le craindre ». La défense le contredit en indiquant que le mot « martingale », déjà attribué à Kerviel par un autre témoin cité par la banque, ne figure pas dans la transcription de cet interrogatoire ni dans ses autres déclarations.« On a été honnêtes »Interrogé sur les défaillances de la banque, Christophe Mianné répond : « Je ne vais pas vous dire qu'on a été bons, mais on a été honnêtes. » L'avocat de Kerviel, Me Metzner, lui demande si c'est parce qu'il se sentait « une part de responsabilité » qu'il a proposé sa démission après l'affaire. « Oui, dans le fait de ne pas avoir su détecter cette fraude », répond-il.En l'absence du témoin suivant, Guillaume Dolisi, Me Metzner fait diffuser une conversation que ce trader de BNP Paribas a eue avec un trader de la SocGen le 24 janvier à l'aube, juste après l'annonce de la perte de 4,9 milliards, mais avant que le nom du suspect ne soit dévoilé. La transcription (disponible sur le site Latribune.fr) semble montrer que le trader de la BNP a deviné tout de suite que les positions énormes évoquées par les agences de presse étaient celles de Jérôme Kerviel, « parce qu'il spielait [jouait, Ndlr] beaucoup sur les futs » [les « futures », Ndlr]. Ce qui pourrait accréditer la thèse que les actes de Kerviel étaient connus, au moins par certains. À deux reprises, le trader de la BNP imagine que le fond de l'affaire sera dévoilé un jour, et celui de la SocGen répond « j'espère que non ». En contradiction avec Christophe Mianné, qui a démenti une « prise de risque croissante » de ses troupes, le trader de BNP déclare : « SocGen c'est une banque qui prend des risques, donc si elle arrête d'en prendre parce qu'elle a peur c'est plus SocGen. » Avant de conclure : « C'est souvent comme ça que ça se finit quand il y a des boss qui ne veulent pas trop regarder un truc, parce que ça gagne, parce que cela leur rapporte beaucoup d'argent. » Benjamin Jullie
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