Retraites : l'épargne mise à  contribution

Même si le prélèvement sera relativement mince en regard des autres décisions annoncées mercredi, la réforme des retraites passera aussi par une nouvelle taxation des revenus de l'épargne. Si Nicolas Sarkozy avait clairement annoncé sa volonté de faire payer les « riches », ce que François Fillon a de nouveau confirmé lundi, annonçant une « contribution de ceux qui sont les plus fortunés de notre pays », la formulation du chef de l'État concernant la taxation des revenus du capital était restée plus floue. S'agissait-il d'un effort demandé aux plus aisés, sur leurs revenus de l'épargne?? Ou tous les épargnants seraient-ils, potentiellement, mis à contribution?? C'est finalement ce deuxième choix qui prévaudra. « Tout le monde sait que les plus aisés sont les premiers bénéficiaires des revenus du capital », souligne un expert gouvernemental. « En taxant les revenus de l'épargne, on ne vise donc pas les plus modestes, mais les ménages des tranches supérieures. »Tout dépendra du dispositif mis en place. Plusieurs options sont envisageables. Soit le gouvernement retient l'hypothèse maximaliste, à savoir la création d'une nouvelle contribution-retraite dont la base de calcul serait proche de celle de la CSG touchant les revenus de l'épargne. Un prélèvement à l'assiette plutôt large, donc.Soit l'exécutif privilégie un cocktail de mesures visant les revenus du patrimoine relativement peu taxés. Pourraient ainsi être visés, les stock-options, ou le prélèvement forfaitaire libératoire de 18 % (auquel il faut ajouter 12,1 % de prélèvements sociaux) qui concerne aussi bien les dividendes que les revenus des livrets non défiscalisés. « Il faut viser les plus-values sur cessions d'actions et les dividendes », plaide le président de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, Pierre Méhaignerie. Si cette option était retenue, ce ne serait là qu'un énième alourdissement de ce type de taxation (cf. ci-dessous). Mais, au sein de l'exécutif, on souligne le caractère symbolique de ces décisions?: elles représenteront une recette supplémentaire de quelques centaines de millions d'euros, beaucoup moins à moyen terme que les dispositions visant directement les régimes de retraite.Pension minoréeÀ travers ces décisions, Nicolas Sarkozy veut renforcer l'impression d'une mise à contribution des plus aisés des Français, alors que les salariés les plus modestes se verront contraints de travailler plus longtemps. Ou de partir en retraite avec une pension sensiblement minorée.Le gouvernement n'affichera probablement pas, mercredi, un report de l'âge légal de départ en retraite à 63 ans. Mais la décision qu'il devrait annoncer y ressemblera fort. Il s'agira de repousser cet âge à un rythme rapide, supérieur en tout cas à un trimestre par an. De sorte qu'entre la génération des salariés nés entre 1950 (partant en retraite cette année) et celle née en 1956, l'âge de départ serait reporté de deux ans. Ainsi, ceux nés en 1956 pourraient faire valoir leurs droits en 2018, à l'âge de 62 ans. Et ainsi de suite... Le gouvernement pourra éviter d'afficher les 63 ans, puisque son horizon de réforme s'arrêtera à 2020. n
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