Jean-Yves Le Gall, PDG d'ArianespacePercevez-vous des signes de reprise du marché sur le plan commercial ? Arianespace réalise une très bonne année. Nous avons remporté depuis janvier huit contrats de lancement, dont cinq ont été annoncés. Lundi soir, nous avons signé avec l'opérateur vietnamien VNPT le lancement du satellite de télécoms Vinasat 2. Compte tenu de nos campagnes de prospection, nous avons bon espoir de remporter de nouveaux contrats et devrions finir l'année avec 12 à 14 nouveaux contrats. Au total, nous avons dans notre carnet de commandes 36 satellites à lancer avec Ariane 5, 6 lancements dédiés aux cargos de l'espace (ATV) et 17 lancements de Soyuz. Soit un carnet de 4,5 milliards d'euros : pour Ariane 5, 2,5 milliards de satellites de télécoms et 1 milliard pour les ATV, et pour Soyuz 1 milliard.Vous êtes présent au Salon Commu-nicAsia 2010 qui ouvre ses portes à Singapour. Que représente l'Asie pour le groupe ?Bon an, mal an, Arianespace réalise 40 % de son activité avec l'Asie, notre marché le plus important. Nous avons 70 % de parts de marché en Asie et 100 % au Japon. Cette année, nous lancerons trois satellites asiatiques et quatre ou cinq en 2011. En Asie, il y a beaucoup d'affaires en discussion actuellement. Cette région restera en croissance : elle manque d'infrastructures anciennes en matière de télécoms et les habitants sont de grands consommateurs dans ce domaine. Ainsi, au Vietnam, la population s'équipe en Blackberry alors qu'elle n'a pas forcément accès au confort le plus élémentaire. Enfin, l'Asie restera un marché actif car je ne vois pas de consolidation des opérateurs.Finalement, la crise glisse sur vous. Est-ce la faute de vos rivaux ?Effectivement la crise ne nous a pas trop affectés. Notre rival américano-russe ILS (Proton) signe peu de contrats. Il est dans une situation compliquée avec un centre de gravité qui bascule de Washington vers Moscou. Plongé dans une crise financière, Sea Launch aura-t-il les ressources de se relancer ? On va très vite le savoir. En revanche, ce qui doit nous interpeller, c'est le nouveau lanceur Falcon 9 développé par le milliardaire Elon Musk. Arrivera-t-il à industrialiser ce lanceur low-cost avec les performances annoncées ? En tout cas, la France et l'Europe doivent surveiller ce projet pour en tirer des conclusions sur la définition du futur lanceur européen.Allez-vous réaliser tous les lancements prévus cette année ?Arianespace va tout faire pour réussir son planning de lancements, même si le fait d'avoir effectué son premier tir le 21 mai seulement ne facilite pas la situation. Le prochain est prévu le 23 juin, puis le 3 août, puis début septembre. Il en restera trois à réaliser d'ici la fin 2010, dont l'ATV. On en fera sept en principe comme prévu, ou six. Le premier vol de Soyuz à Kourou est prévu pour mi-décembre. Le portique mobile est aujourd'hui sous contrôle. Nous sommes en phase de tests. Enfin, le premier lancement de Vega est prévu au printemps 2011, mais le calendrier reste très tendu. Le quatrième étage avec son moteur ukrainien et ses réservoirs russes ainsi que le système de contrôle en vol du lanceur restent à finaliser. Propos recueillis par M. C.

latribune.fr

15 Juin 2010, 13:27

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