Malgré des prévisions optimistes, Londres maintient le cap de la rigueur

C'était censé être l'opération vérité sur le déficit britannique. Peu après son arrivée au pouvoir le mois dernier, le nouveau gouvernement conservateur-libéral avait créé un « bureau de la responsabilité budgétaire » (OBR en anglais), organisme indépendant chargé d'établir les prévisions économiques et budgétaire de l'État. Ainsi, les hommes politiques ne seraient plus tentés de manipuler à leur guise ces chiffres cruciaux et l'ampleur du problème budgétaire britannique serait révélée. Mais pour son premier rapport, remis ce lundi, l'OBR a surpris... par son optimisme, confirmant le déficit prévu par les travaillistes. D'ici 2014-2015 (année fiscale d'avril à mars), le déficit - si rien n'est fait - devrait s'afficher à 3,9 % du PIB, conformément aux prévisions du gouvernement précédent.Cette confirmation a lieu malgré une nette révision à la baisse des projections de croissance. Le PIB devrait progresser de 2,5 % à 3 % par an jusqu'en 2015, au lieu de 3,5 % prévus par les travaillistes. Mais en compensation, les recettes fiscales, sous-estimées par le gouvernement précédent, devraient être plutôt meilleures que prévu.« Situation pire que prévu »Faut-il en conclure que le gouvernement de coalition devrait éviter d'être trop sévère dans son projet de budget d'urgence qui sera présenté mardi prochain ? Certainement pas. George Osborne, le chancelier, affirmait lundi : « la situation est pire que prévu », se basant sur l'abaissement des prévisions de croissance.Quelle est l'ampleur du programme qu'il prévoit ? Le nouveau gouvernement a promis de supprimer « l'essentiel du déficit » d'ici 2014-2015. Selon Jonathan Loynes, économiste à Capital Economics, cela pourrait signifier un retour à l'équilibre du budget courant (hors dépenses d'investissement) d'ici cette date. Or, selon l'OBR, le déficit courant serait alors de 2,8 % en 2014-2015, soit 50 milliards de livres (60 milliards d'euros). Cette somme représente 7 % du budget actuel.« Nous pensons que le prochain budget pourrait présenter des économies et des hausses d'impôts équivalant à environ 25 milliards de livres (30 milliards d'euros) par an », en déduit Jonathan Loynes. Etant donné que David Cameron a promis de protéger le budget de la santé (17 % des dépenses), cela signifie que des coupes drastiques seront probablement annoncées dans d'autres secteurs.Éric Albert, à Londre
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