Les entreprises internalisent le travail des banques d'affaires

Les banques d'affaires coûtent trop cher aux entreprises. Depuis deux ans et l'éclatement de la crise, les entreprises françaises ont revu leur manière de fonctionner avec leurs banques-conseils. Elles prennent de plus en plus en charge une partie du travail jusqu'ici assuré par les banques d'affaires. « Les entreprises font très attention à maîtriser leurs coûts », explique le responsable du développement d'un grand groupe français. D'autant que beaucoup d'entre elles ont eu le sentiment d'avoir enrichi les banques d'affaires sans forcément en avoir tous les bénéfices. Cette internalisation leur permet aussi de maîtriser davantage leurs stratégies de croissance externe. « Les entreprises réalisent une part croissante de leurs petites opérations sans conseil financier externe », reconnaît Séverin Brizay, responsable des fusions-acquisitions chez JP Morgan. Mais pas seulement. « Sur les grosses transactions, elles réalisent souvent en interne le travail en amont de recherche et d'étude stratégique », ajoute-t-il. Certaines vont même plus loin : BNP Paribas a utilisé ses banquiers pour réaliser ses propres acquisitions comme BNL en 2006 ou Fortis l'an passé. Vinci avait également opéré seul le rachat de Cegelec au fonds du Qatar l'an passé. Mais ces exemples restent rares car les grosses transactions sont trop complexes pour être exécutées sans banques-conseil. Ces dernières demeurent aussi indispensables lorsque les cibles sont cotées.imaginationQuoi qu'il en soit, l'internalisation a poussé les entreprises à réduire aussi, voire supprimer, les avances de commissions (« retainer ») et à ne payer les banques uniquement lorsqu'une opération aboutit. Cette tendance s'est illustrée par le recrutement de nombreux banquiers d'affaires depuis deux ans dans les départements fusions- acquisitions des grands groupes comme Carrefour, Publicis, Casino ou plus récemment Groupama. « Les entreprises font toujours appel à nous pour avoir un écho du marché, des investisseurs, sur les travaux de valorisations ou les montages financiers. Ce qui a changé véritablement ces dernières années, c'est la sophistication accrue du dialogue stratégique », explique Jean-Jacques de Balasy, responsable de la banque d'affaires chez Barclays Capital. Dans ces nouvelles conditions, les banquiers d'affaires doivent plus que jamais user de leur imagination pour vendre aux entreprises des idées d'investissements nouvelles. « Nous connaissons les acteurs de nos marchés. Mais nous voulons surtout que les banquiers nous informent sur la situation de nos concurrents et nous mettent à disposition leur carnet d'adresses », explique le responsable fusions-acquisitions d'un grand groupe français. Les banquiers d'affaires doivent revenir à leur premier atout : la richesse de leur carnet d'adresses. Matthieu Pechberty
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