« Au Sénat, nous garderons l'équilibre général du projet de loi »

L'examen du texte sur les retraites s'achève à l'Assemblée nationale. Êtes-vous satisfait de la manière dont s'est déroulé le débat??Avec la plupart des intervenants (de la majorité ou de l'opposition), la discussion s'est déroulée dans un climat sérieux. Sur le fond, avec Éric Woerth, nous avons su faire valoir notre position en restant mesurés. Par exemple, nous avons refusé les amendements de députés de la majorité qui visaient la suppression de la catégorie active dans la fonction publique. Tout en étant ferme sur la suppression à terme du dispositif « quinze ans, trois enfants » qui risquait de nous attirer des critiques de la Commission européenne.Que pensez-vous des déclarations de Gérard Larcher, se disant prêt à étudier le maintien à 65 ans pour la borne d'âge supérieure??Le projet de loi prévoit que l'âge du taux plein est à 62 ans, c'est-à-dire que quelqu'un qui a tous ses trimestres pourra partir dès 62 ans sans décote. La borne d'âge supérieure qui sera peu à peu relevée jusqu'à 67 ans en 2023 concerne les personnes qui sont entrées plus tard sur le marché du travail, notamment du fait de la poursuite de leurs études. Quand on dit que l'âge limite à 67 ans va pénaliser la situation des femmes, on décrit en réalité celle d'il y a quarante ans. Or, aujourd'hui, les femmes nées en 1966 ont une durée d'assurance inférieure à moins d'un trimestre à celle des hommes. Si l'on tient compte de la majoration de durée d'assurance au titre des enfants, la durée d'assurance est supérieure de près de 17 trimestres.Les débats ne devraient donc pas être trop animés au Sénat??L'architecture du texte est solide. Nous ne sommes plus dans le temps de la construction, mais dans celui de l'ajustement de tel ou tel dispositif en fonction des discussions que nous aurons avec les sénateurs. Mais nous maintiendrons l'équilibre général.Selon un sondage Ifop-« JDD », 57 % des Français désapprouvent toujours le recul de l'âge légal à la retraite à 62 ans. Avez-vous perdu la bataille de l'opinion??Quand vous avez deux discours et que l'un dit?: « Il n'y a aucun problème, nous n'avons pas besoin de faire des efforts », il est normal qu'il soit plus agréable à entendre. Mais c'est le discours de la facilité, le même que celui de Martine Aubry sur les 35 heures. Laisser penser qu'on peut piocher dans une cagnotte artificielle (constituée de la fortune amassée par quelques-uns) n'est pas seulement une vue de l'esprit, c'est faire preuve d'irresponsabilité. Je suis heureux de voir que 43 % des Français sentent que c'est du vent.Vous avez déclaré que, chaque année, 170.000 des 700.000 nouveaux retraités continueront à partir à 60 ans. Est-ce l'aveu que l'objectif des 62 ans est très difficile à atteindre??Entre les 90.000 départs pour carrières longues, les 30.000 pour pénibilité et les 30.000 à 40.000 pour service actif dans la fonction publique, cela représente environ 25 % des départs. Cela veut dire que notre réforme tient compte de la situation des personnes qui ont une vie professionnelle plus dure que les autres.Si tout est bouclé, le 23 septembre ne constitue qu'un baroud d'honneur des syndicats??La mobilisation que nous connaissons est importante. Les organisations syndicales sont dans leur rôle. Cette mobilisation s'analyse aussi au regard des enjeux de la réforme. Le président de la République et le gouvernement sont bien sûr très attentifs aux préoccupations exprimées. Mais, en même temps, rien ne serait pire que de ne rien faire en matière de retraite. Les Français ne comprendraient pas que nous ne prenions pas nos responsabilités. Propos recueillis par A. L.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.