Le Te & Kaffi, un café près du port de Reykjavik, a vale...

Le Te & Kaffi, un café près du port de Reykjavik, a valeur de symbole?: c'est tout ce qu'il reste d'une immense boutique de meubles design, fermée pour cause de crise en 2008. Et si Maria Björk en a fait son quartier général, c'est parce que, dans ses nouvelles activités, elle ne peut s'offrir le luxe d'un local. Sans la faillite de la Landsbanki, elle aurait un grand bureau de directrice de marketing au centre-ville. L'énorme bâtiment noir, qui devait être le vaisseau amiral de la banque pour ses opérations de relations publiques, y gît, tel un navire échoué.Mais pas question pour cette mère de quatre enfants de se laisser abattre après son licenciement. Elle décide donc, avec une amie - une ancienne diplomate au carnet d'adresses étoffé - de faire pour les autres ce dont elle avait elle-même besoin?: une sorte d'agence de coaching, poussant les femmes à réfléchir à l'avenir, à chercher de nouvelles pistes pour trouver un travail ou à s'auto-employer.Nyttu kraftinn («?Prenez le pouvoir?») est lancé en février 2009 avec un premier groupe d'une quinzaine de chômeuses. Elles doivent, pendant trois mois, penser, en groupe, à leur carrière, faire des tests pour détecter leurs talents cachés, laisser émerger des désirs enfouis au cours de leurs années d'activité salariée (refaire des études ou lancer une entreprise, par exemple). Avec plusieurs mots d'ordre. D'abord, se réveiller chaque matin comme si c'était une journée de travail, puis, s'engager à faire chaque jour au moins 4 heures d'activités reconnues par un employeur potentiel comme un atout sur un CV, et enfin, rencontrer le plus de gens possible pour proclamer haut et fort que l'on cherche un emploi, le tout sous la houlette d'un mentor volontaire, salarié d'une entreprise.«?Sans ces efforts, la confiance en soi s'érode au fur et à mesure que la période de chômage s'étend. Or elle est de plus en plus longue, relève Maria Björk. De plus, les employeurs n'aiment pas les trous dans les CV.?» Si l'affaire peut tourner sans grands moyens, au-delà du «?bureau?» au Te & Kaffi, les réunions des groupes se tiennent dans des lieux publics, il a quand même fallu trouver quelques couronnes islandaises. Les deux fondatrices de «?Prenez le pouvoir?» se sont appuyées sur l'une des caractéristiques de la société, de puissants syndicats, responsables de la cogestion des caisses d'allocation chômage. Elles leur ont demandé qu'ils «?sponsorisent?» les participantes. Le gouvernement a fait de même. Et le résultat est là?: «?Les trois quarts des femmes qui ont suivi le programme de trois mois ont lancé leur entreprise, ou repris des études, ou trouvé une autre voie que celle, bouchée, du marché de l'emploi classique en Islande?», assure Maria Björk. Une femme ingénieur a lancé une agence de travail temporaire, une architecte a ouvert une boutique de bijoux, une autre ancienne salariée travaille désormais le cuir et la laine, une autre encore est devenue homéopathe. «?Avec des aménagements, je crois que notre système pourrait largement être reproduit dans d'autres pays à taux de chômage élevé?», sourit la nouvelle femme d'affaires. Elle n'a que l'embarras du choix... L. J. B., à ReykjavikUn coach pour trouver sa vocation en IslandeMaria Björk s'est retrouvée sans emploi quand la Landsbanki a fait faillite, en 2008. Aujourd'hui, son entreprise coache des dizaines d'autres chômeuses, aux frais des syndicats.
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