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à travers le monde, les initiatives se multiplient, avec un même but?: améliorer le sort des femmes au quotidien. Deux exemples très différents, dans deux pays séparés par un océan.Celles qui travaillent sur le terrainIl est 11 heures ce vendredi, quand Eleutéria Amora da Silva et sa fille Iara installent leur stand à l'entrée du quartier du Saara, dans le centre de Rio de Janeiro. Des milliers de personnes transitent par cet immense marché, ainsi nommé en référence à ses créateurs, immigrés d'origine arabe. «?C'est le lieu idéal pour nous faire connaître?: les 600 magasins emploient plus de 10.000 personnes, à 70?% des femmes?», explique Eleutéria, créatrice, il y a treize ans, de l'association Camtra, diminutif, en portugais, du Centre de la femme travailleuse. Pour ne pas provoquer les patrons, l'ONG préfère se présenter comme un lieu d'information sur la sexualité. Sourire engageant, Iara distribue aux intéressés des brochures et des préservatifs. Pour les vendeuses du Saara, la jeune femme propose même un préservatif féminin, après avoir expliqué son utilisation. «?Tu peux le placer jusqu'à six heures avant la relation, comme ça, ton homme ne peut pas refuser au dernier moment, c'est idéal?!?», explique-t-elle à deux jeunes filles, très intéressées. Parler de la sexualité n'est toutefois qu'un cheval de Troie. «?Notre objectif est d'expliquer aux vendeuses qu'il existe un droit du travail et qu'elles n'ont pas à accepter toutes les exigences de leur patron?», reprend Eleutéria. L'ONG a ainsi formé 400 vendeuses, appelées «?multiplicatrices?», chargées d'orienter leurs collègues.Le microcosme du Saara est en effet la parfaite illustration de la métamorphose du marché du travail brésilien. Le taux d'activité des femmes est passé de 56,7?% en 1992 à 64?% en 2007, selon l'Unifem, l'antenne chargée des questions «?femmes?» de l'Organisation des Nations unies (ONU). Cette progression s'explique par la hausse du niveau de scolarité des femmes et par le dynamisme de l'économie. Au cours des deux mandats du président sortant, Luiz Inacio Lula da Silva, plus de 14 millions d'emplois formels ont été créés, provoquant des pénuries. Il n'est plus rare de voir, sur les chantiers, des femmes maçons, tandis qu'elles sont omniprésentes dans le commerce et les services.«?Le problème, c'est que cette substitution a donné lieu à une précarisation?: les femmes sont toujours moins bien payées?», révèle Isabel Clavelin, de l'Unifem, à Brasilia. Dans l'informel, la situation est encore plus critique, sans parler de la dimension raciale?: une femme noire a en moyenne la moitié du revenu d'une femme blanche, et le tiers de celui d'un homme blanc. C'est ce que confirme Lourdes, une des multiplicatrices de la Camtra, qui tient la caisse dans un magasin de lingerie du Saara?: «?Le salaire mensuel est de 600?réaux (267 euros), mais la majorité des filles ne sont pas déclarées, elles travaillent à la commission, 1?% de ce qu'elles vendent.?» En outre, les patrons ne payent que deux tickets de transport par jour, alors que les vendeuses, habitant loin, en raison des loyers élevés au centre-ville, doivent combiner bus, train et métro. Elle-même confie avoir dû cacher longtemps à son patron qu'elle avait un enfant, «?de peur que ce soit un problème?», dit-elle. L'impact de cette précarité sur les enfants est d'autant plus inquiétant que les femmes sont devenues des piliers financiers de la société. L'IBGE - l'Insee brésilien - rappelle que, en 2006, 30?% des foyers dépendaient des revenus d'une femme, qu'elle élève seule ses enfants ou que son mari soit chômeur. En 1996, la proportion n'était que de 21?%. Lourdes est optimiste?: «?Petit à petit, on s'impose, et les patrons sont plus compréhensifs. Ils voient bien qu'on s'absente moins et qu'on est plus sérieuses?», assure-t-elle. En 2020, le marché de l'emploi comptera plus de femmes que d'hommes dans le pays. Et, selon tous les sondages, c'est une femme, Dilma Roussef, qui devrait, en octobre, prendre le premier emploi de la république?: celui de Présidente du Brésil. Virginie Mairet, à Rio de JaneiroLire aussi le Second exemple en page 10?Au Brésil, prévention et droit du travail font cause communeReportage au marché du Saara, où plus de 7.000 femmes travaillent dans de petits magasins. Précarité, exploitation, responsabilité de la famille?: elles cumulent tout, malgré les récentes avancées économiques.
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