Tout a commencé le 19 octobre 2005, avec une étude en proven...

Tout a commencé le 19 octobre 2005, avec une étude en provenance du bureau de Tokyo, baptisée « womenomics », raconte Dina Powell, la responsable du programme « 10.000 women » de Goldman Sachs. Kathy Matsui et son équipe d'économistes y expliquaient comment améliorer la croissance japonaise en accroissant la participation des femmes au monde du travail. Les équipes de Goldman Sachs publient des études tous les jours, mais celle-ci retient particulièrement l'attention de la direction, à New York. Si la recette était valable pour le Japon, sans doute l'était-elle aussi pour d'autres pays, tels les émergents... « Nous avons trouvé que les femmes étaient un investissement intelligent parce qu'elles investissent elles-mêmes leur succès autour d'elles », résume Dina Powell. Lloyd Blankfein, PDG de la firme, soutient l'idée d'un projet. Après réflexion, l'institution emblématique de Wall Street décide de s'intéresser aux femmes « du milieu ». Si les plus pauvres bénéficient d'initiatives d'alphabétisation et de micro-crédit et les plus riches, dans les pays développés, de divers coups de pouce, les petites entrepreneuses des pays émergents, elles, se retrouvaient au milieu - sans rien. Associé à des partenaires universitaires et caritatifs, Goldman Sachs décide donc de leur fournir l'occasion d'améliorer leurs connaissances, pour faire fructifier leurs affaires. Lancé en 2008 pour cinq ans, le projet, qui prend entre autres la forme de bourses d'études, s'appuie sur un réseau universitaire auquel appartiennent la plupart des grandes écoles de commerce dans le monde. En France, HEC et l'Insead en font partie. « La force du programme est vraiment ce réseau », estime Dina Powell. Goldman investit 100 millions de dollars dans ce programme et sollicite ses salariés pour qu'ils servent de mentors aux bénéficiaires. « Nos salariés nous demandent de participer à ce programme », dit-elle. Aujourd'hui, l'équipe qui gère l'opération depuis New York est satisfaite des succès déjà engrangés. Comme celui de Massoma. Cette jeune Afghane, qui appartient à l'ethnie Hazara, particulièrement discriminée dans son pays, a grandi dans un camp de réfugiés en Iran, où elle a appris l'anglais et l'art de tisser des tapis. Un rêve la taraude : être indépendante. Pour y parvenir, elle veut monter sa propre entreprise. Rentrée chez elle après la chute des talibans, elle lance, à 23 ans, une entreprise électrique avec ses deux frères, électriciens de leur état. « Elle a beaucoup de caractère, raconte l'équipe à New York. Quand elle a été acceptée dans le programme de gestion géré par l'Université américaine en Afghanistan, elle était sur un petit nuage.» Aujourd'hui, grâce aux cours qu'elle a suivis, son affaire a pris de l'ampleur. Elle emploie quelque 22 personnes, dont 21 hommes... Même chose pour Evania, à São Paulo. Lancée en 1985, sa société, spécialisée dans les réparations mécaniques, bénéficie bien d'une clientèle fidèle, mais Evania sent qu'elle a besoin de plus pour accroître son chiffre d'affaires. Il aurait fallu moderniser la société et avoir une meilleure connaissance du marché. « J'avais beaucoup de pratique, mais pas de théorie », explique-t-elle. Elle entre dans le programme « 10.000 women » de l'école de commerce Getulio Vargas, à São Paulo. Quelques mois plus tard, ses nouvelles connaissances font merveille - et son chiffre d'affaires augmente de 5 %. Elle a aussi embauché deux nouveaux salariés et acheté des camionnettes pour mieux servir ses clients. « Je suis entrée dans le cours avec l'identité d'une femme d'initiative, j'en suis ressortie une femme d'affaires », dit-elle avec fierté. C'est exactement le but poursuivi par Goldman Sachs. L. J. B., à New YorkOpération « 100 millions de dollars » à Wall Street Goldman Sachs offre des bourses d'étude pour que 10.000 entrepreneuses du Sud améliorent leurs connaissances et développent leurs affaires.
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