La scène est parfaite : Lola, talons aiguilles et robe à pet...

La scène est parfaite : Lola, talons aiguilles et robe à petits carreaux rouge sombre, se penche pour embrasser un enfant assis par terre, ravi de la voir. «?La dernière fois que je suis venue ici, il m'a dit?: quand je marcherai, je ferai une grande fête pour toi à la maiso?», sourit-elle, enjouée. Un peu plus loin, un autre se jette dans ses bras, débordant de joie de vivre et lui crie un bonjour sonore de malentendant. Ces petits handicapés ouzbeks sont soignés à Tachkent, au centre d'adaptation sociale pour enfants, un institut financé par la fondation de Lola Karimova. «?Quand on commence à travailler pour eux, on ne peut plus arrêter, leurs progrès nous portent?», dit-elle. Elle semble effectivement dynamisée par ces contacts, alors que dans la vie courante, cette jeune femme d'une trentaine d'années paraît quelque peu éthérée, tel un petit oiseau tombé du nid. Un nid familial parfois étouffant. Car Lola est une «?fille de?», la cadette du président ouzbek, Islam Karimov. «?Je sais que mon nom me précède, mais je crois que les gens me concèdent petit à petit une identité propre?», dit-elle. Elle aurait pu se contenter de fréquenter les «?beautiful people?» et de faire du shopping dans les boutiques de luxe à travers la planète. Mais après un doctorat de psychologie, elle décide, en 2002, de lancer une première fondation, baptisée «?Tu n'es pas seul?» pour les orphelins, puis une deuxième, en 2004, pour les handicapés. «?J'ai eu mon premier enfant à 20 ans, et cela m'a donné un autre regard sur les enfants et leurs besoins?», explique-t-elle. Sa fondation, financée par des dons privés (et qui a dépensé l'an dernier quelque 200.000 euros pour ses différentes actions), n'est qu'indirectement impliquée dans l'aide aux femmes. «?Nous apportons un soutien psychologique aux mères d'enfants handicapés, qui sont souvent victimes d'ostracisme dans la société, voire de violences de la part de leur mari, en raison des problèmes de leurs enfants?», relève Lola. Même chose pour les jeunes filles. C'est à travers le sport que Lola oeuvre. Présidente de la fédération ouzbèke de gymnastique, elle visite régulièrement le complexe d'entraînement sportif de la capitale. « J'espère servir de modèle aux parents, qui peuvent se dire : si la fille du président s'intéresse au sport, alors nous pouvons laisser les nôtres s'entraîner », dit-elle. Fille dans un pays musulman modéré, Lola Karimova s'attache à préserver les droits de tous les enfants, et en particulier celui des filles à libérer leur corps, sans avoir à se soumettre au diktat des traditions, notamment vestimentaires, des campagnes. Enfin, elle est également ambassadrice de son pays auprès de l'Unesco. Là, il s'agit de préserver l'héritage culturel et les sites - mosquées, mausolées, madrasas, qui ont fleuri sur la route de la soie, à Khiva, Boukhara et Samarkand. « Et surtout, c'est l'occasion pour moi de montrer un visage de l'Islam modéré et de participer de cette façon à un dialogue interculturel avec l'Ouest », ajoute la jeune femme, qui est née dans la vallée de Ferghana, à 700 kilomètres de la frontière afghane, en pleine Asie centrale. L. J. B., à Tachkent Une fondation en faveur des petits handicapés sur la route de la soieLola Karimova est la cadette du président ouzbek, Islam Karimov. Elle a lancé une fondation pour aider les enfants malmenés par la vie. Et elle compte sur le sport pour libérer les filles.
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