Notre continent concentre 70 ? % des cas de contamination enre...

Notre continent concentre 70?% des cas de contamination enregistrés dans le monde. Les femmes représentent 60?% des personnes contaminées par le VIH en Afrique. Le gel microbicide que nous avons créé permet de réduire considérablement le risque de transmission. Pour les 1,3 million d'Africaines infectées chaque année, c'est peut-être le début d'une révolution?», s'enthousiasme le professeur Quarraisha Abdool Karim. Cette épidémiologiste sud-africaine travaille depuis plus de 20 ans à la mise au point d'un gel vaginal pour lutter contre la pandémie. Jusqu'ici, tous les tests cliniques avaient échoué.Mais, en 2007, Quarraisha se lance dans l'aventure «?Caprisa 004?». Elle mène avec son mari et une équipe de près de 120 chercheuses cette étude dans l'état du Kwazulu-Natal, une région où le taux de prévalence est l'un des plus élevés au monde. Près de 900 femmes y prennent part. La moitié d'entre elles reçoivent un gel contenant 1?% de ténofovir, une molécule fréquemment utilisée dans les trithérapies contre le sida, l'autre moitié appliquent une pommade placebo. Toutes les participantes sont suivies chaque mois pendant trente mois, tant sur l'usage du gel que sur la fréquence de leurs relations sexuelles.Trois ans plus tard, les résultats sont extrêmement encourageants. Publiés en juillet dernier par la revue «?Science?», ils montrent que le gel microbicide comparé au gel placebo a fait baisser les infections par le VIH de 39?%. Depuis, la nouvelle suscite beaucoup d'espoir. Pour l'instant, seul le préservatif peut bloquer la transmission de la maladie. Mais en Afrique, beaucoup de femmes n'arrivent pas à imposer cette méthode de contraception à leur partenaire, dépendantes qu'elles sont, économiquement et socialement, de leur compagnon.«?C'est donc la première fois dans l'histoire de la maladie que la population féminine pourra gérer la protection de sa vie intime?», souligne Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), à Paris. Et Quarraisha se met à rêver?: «?Si les femmes l'utilisent correctement, dans les douze heures avant le rapport sexuel et dans les douze heures après, et si ce gel vient en complément d'un préservatif, d'un partenaire régulier et de la prise d'antirétroviraux si besoin, la courbe de l'épidémie pourrait baisser dans les 30 ans à venir. Le continent africain est la clé de l'épidémie, c'est ici qu'il faut trouver des solutions pour y mettre un point final?».Cependant, de nombreuses questions persistent, notamment sur le placebo utilisé par la moitié des femmes participantes?: 60 d'entre elles ont été contaminées en trois ans. L'étude doit désormais être validée sur plusieurs milliers de femmes. «?Nous avons besoin de 120 millions de dollars pour confirmer les résultats et pour l'instant, les donneurs ne sont pas au rendez-vous, malgré notre immense succès à la dernière conférence internationale sur le sida, à Vienne, en juillet?», s'inquiète le professeur Abdool Karim. Reste aussi le problème du coût du produit. Aujourd'hui, une dose de gel revient à 15 centimes de dollar. Avec, en moyenne, 8 rapports sexuels par mois, le total pourrait atteindre les 30 dollars?: «?Beaucoup trop cher pour la population africaine?», estiment les spécialistes. «?Si nous parvenons à trouver des financements et à mener les prochains tests cliniques le plus rapidement possible, le gel pourrait être mis à disposition des femmes en 2013?», déclare Quarraisha Abdool Karim.Sophie Ribstein, à JohannesburgDes chercheuses sud-africaines à l'origine du gel anti-sidaPrès de 60?% des personnes contaminées par le VIH en Afrique sont des femmes. Pour la première fois dans l'histoire de la maladie, elles vont pouvoir gérer leur protection.
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