Partout, les femmes luttent pour leurs droits. Mais rien ne ...

Partout, les femmes luttent pour leurs droits. Mais rien ne vaut une loi, gravée dans le marbre et acceptée de tous et de toutes. Quand modernisation de la société rime avec avancement des femmes et accroissement de la démocratie.Dans une petite rue parallèle à Istiklal, dans le quartier de Beyoglu, l'un des plus animés d'Istanbul, avec ses boutiques mode et ses restaurants chics à l'étage, se niche la Tüsiad, l'association des grandes entreprises turques. Un bâtiment discret. Serait-ce un club fermé d'hommes d'affaires ? Pas vraiment. La Tüsiad a fait sa révolution depuis longtemps. Umit Boyner, jeune femme blonde, menue et élégante, en est l'actuelle présidente. Et elle vient de succéder à deux autres femmes. « Plusieurs grandes entreprises turques, qui composent la majorité des membres de la Tüsiad, sont dirigées par des femmes, souligne-t-elle, et selon l'enquête du Forum économique mondial sur le fossé entre hommes et femmes, on constate que la Turquie fait partie, avec la Finlande et le Danemark, des trois pays affichant le pourcentage le plus élevé de femmes PDG dans les pays de l'OCDE, de même que parmi les émergents. Alors que la moyenne est de l'ordre de 5?% dans le monde, elle est de 12?% en Turquie. Selon un rapport de la Commission européenne de 2009, la Turquie se trouve là aussi en position relativement meilleure que le reste de l'Europe : si les grandes entreprises européennes sont, dans leur ensemble, dirigées à 97?% par des hommes et à 3??% seulement par des femmes, le paysage turc offre un pourcentage de 94 et 6?%, respectivement. « Dans nos discussions pour l'accession de la Turquie à l'Union européenne, cette forte présence des femmes dans les affaires est souvent ignorée », regrette Umit Boyner. Cependant, elle admet volontiers que, au-delà des conseils d'administration, au sein d'entreprises souvent familiales, il reste encore du chemin à faire pour les femmes sur le marché du travail. Leur participation y est faible. Si, dans la classe aisée, les femmes sont médecins, avocates, professeurs, nombreuses sont celles, en particulier dans les campagnes, qui sont encore à la peine. «?Dans ce contexte, il est crucial pour la Turquie de continuer d'investir dans l'éducation et d'encourager les femmes à exercer leurs droits et à se mobiliser au niveau politique?», précise la présidente de la Tüsiad. L'organisation milite en ce sens auprès des autorités, auprès des entreprises, et auprès des femmes elles-mêmes, bien sûr. Elle réalise actuellement une enquête pour mieux identifier les profils de femmes salariées dans les entreprises membres, dans le but d'étendre les «?meilleures pratiques?». L'association s'est également appuyée sur celle des entrepreneuses turques, Kagider, afin d'établir une liste de priorités visant à réduire les inégalités hommes-femmes. La Tüsiad s'est également donnée pour mission d'approfondir la démocratie. Et cela passe par les femmes. «?Nous répétons partout où nous allons qu'il n'est pas possible de devenir un grand pays développé et démocratique si la moitié de la population est exclue?», déclare Umit Boyner. Rapports, séminaires, actions de lobbying, la Tüsiad, dans l'ombre ou ouvertement, travaille à rapprocher la Turquie de ce but. Il en va de l'avenir du pays, que les grandes entreprises stambouliotes voient essentiellement dans l'Union européenne... L. J. B. La patronne des patrons turcs, symbole d'unpays en pointe sur la féminisation des élitesCelles qui modernisent la sociétéLa Tüsiad, équivalente du Medef français, et dirigée aussi par une femme, s'active pour améliorer la participation du « deuxième sexe » au marché du travail et à la vie démocratique.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.