« Il ne sera pas facile pour les syndicats britanniques d'organiser d'importantes grèves »

Andy Cook, directeur exÉcutif de Marshall-James, conseil en relations en entrepriseAlors que s'achève jeudi à Manchester le congrès annuel de leur confédération, les syndicats britanniques ont promis de s'opposer avec force au plan d'austérité du gouvernement de David Cameron. En ont-ils les moyens ?Je ne pense pas que les syndicats pourront facilement organiser d'importantes actions dans les prochains mois. Dans notre pays, la loi les contraint à faire voter sur le terrain, entreprise par entreprise, les appels à la grève que prévoient de lancer les grands dirigeants syndicaux. Faute de procéder à ces votes, les grèves seraient illégales et les salariés grévistes risqueraient d'être licenciés. Dans la santé ou le rail, les employeurs sont multiples et les votes seront compliqués. En tout état de cause, rien ne se passera tant que le gouvernement n'annoncera pas dans le détail son plan d'austérité, le 20 octobre. Quels seront les secteurs où l'opposition risque d'être la plus forte ?L'éducation, les administrations centrale et locale sont les activités les plus réactives, mais aussi traditionnellement l'enseignement et le secteur du train même s'il est techniquement passé dans le privé.Quel est aujourd'hui le poids des syndicats dans le débat politique ?Les dirigeants syndicaux sont confrontés à un problème du recrutement des adhérents parmi les travailleurs du privé. Le taux d'adhésion national se situe actuellement à 25 % du salariat britannique avec seulement 16 % dans le secteur privé, le plus bas niveau jamais enregistré dans ce secteur, et il connaît un déclin année après année. Les syndicats doivent trouver le moyen de redevenir plus attrayants auprès des jeunes du privé, faute de quoi ils vont se marginaliser. Quelles sont les causes de ce déclin ?Le langage utilisé par certains leaders syndicaux qui parlent du capitalisme comme du Mal, de la lutte des classes et appellent à la grève nationale, fait fuir nombre de travailleurs, car la plupart ne se reconnaissent pas dans ces propos. La face publique des syndicats est représentée par quelques leaders très radicaux. Quel avenir voyez-vous à l'action syndicale ?Les syndicats ont un rôle très important à jouer et il y a parmi eux d'excellents responsables qui pourraient parler le langage du travailleur moyen. Ces responsables doivent venir sur le devant de la scène. C'est ça le débat que doit engager le TUC (Ndlr : Trades Union Congress) et non pas je ne sais quel débat sur comment mettre à bas le capitalisme.Propos recueillis par Laurent Chemineau
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