Claude Lelouch ? : « J'ai mis au propre mes brouillons »

Il y a les inconditionnels, et les autres. Pour les premiers, «?Ces amours-là?» s'impose comme l'une des plus belles oeuvres de Claude Lelouch. Pour les seconds, il offre la possibilité de revenir sur leurs a priori. Car ce film, débarrassé des tics reprochés au réalisateur, porté par une image superbe, des scènes magnifiques, une brochette d'excellents comédiens, est une ode au septième art. Il célèbre surtout les 50 ans de carrière de Lelouch à travers l'histoire d'Ilva (Audrey Dana), femme moderne qui traverse le XXe siècle en devenant la maîtresse d'un nazi (Samuel Labarthe), avant de tomber amoureuse de deux soldats américains, puis de son avocat (Laurent Couson). L'occasion de faire le point sur ce demi-siècle de cinéma.Il y a tout Claude Lelouch dans «?Ces amours-là?»...Un artiste doit radoter. Ça prouve qu'il est sincère. J'ai voulu faire ce film pour mes enfants. Au cinéma, au moins, ils m'écoutent. Et aussi pour remercier le public et les comédiens. Alors j'y ai mis toutes les choses auxquelles je crois. À commencer par la force de l'amour. Pour les femmes, c'est le seul vrai repère. En fait, j'ai construit «?Ces amours-là?» tout au long de ma carrière, en emmagasinant des histoires vraies dont j'ai été le témoin direct ou indirect. Je ne suis pas assez savant pour les inventer, mais suffisamment curieux pour reproduire les plus invraisemblables. Au final, j'ai l'impression d'avoir mis au propre tous mes brouillons.En quoi le fait d'avoir été un enfant de la guerre a-t-il eu un impact sur votre carrière??Le cinéma m'a sauvé la vie. Entre 1942 et 1944, ma mère m'a caché tous les jours dans les salles obscures parce que c'était encore l'un des rares endroits où l'on ne se faisait pas arrêter. Et je suis tombé sous le charme des personnages à l'écran. Ils ressemblaient comme deux gouttes d'eau aux gens de la vraie vie mais en plus beau, plus courageux. Et je n'ai plus voulu fréquenter d'autres gens que ceux-là.En cinquante ans, qu'est-ce qui a le plus changé??On est passé d'un monde où les gens pleuraient, à un monde de pleurnicheurs. Du rire au ricanement. J'ai tourné mes deux premiers films à New York, alors terre de liberté, et à Moscou, qui était totalement fermée. Aujourd'hui, la cigarette, la mafia, les bordels... Tout est autorisé en Russie. Et interdit aux États-Unis. On a réinventé la censure dans nos pays. Cela dit, il est plus facile de faire des films maintenant. Chacun peut s'exprimer avec un téléphone portable ou une mini-caméra. Mais les gens sont blasés. Et beaucoup de réalisateurs se soumettent à la dictature du prime time. Du coup, ils n'osent rien.
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