Une bouffée d'air frais sous forme d'ovni. Presque anachronique et pourtant diablement contemporain. À l'heure où le cinéma devient de plus en plus formaté, s'acharnant à ne pas dévier des normes édictées par la société, Antony Cordier («?Douches froides?», 2005) ose avec «?Happy Few?» une oeuvre d'une liberté folle, où le sexe est évoqué comme cela n'a pas été fait depuis longtemps.Dans sa ligne de mire, deux couples. Teri (Élodie Bouchez) et Vincent (Nicolas Duvauchelle), Rachel (Marina Foïs) et Franck (Roschdy Zem), quadras heureux en ménage. Tout commence par une rencontre entre Vincent et Rachel que ces deux-là décident de prolonger à travers un dîner avec leur conjoint. Un premier baiser entre Teri et Franck, des regards qui en disent long entre Vincent et Rachel, la tension sexuelle est d'emblée très forte. Vite inséparables, tous les quatre se laissant happer, guider, par le seul désir amoureux. Sauf que l'équilibre fragile du début est mis à mal par les sentiments qui prennent peu à peu le dessus sur la joie des corps.Réflexion sur le coupleIl ne faut surtout pas croire qu'Antony Cordier ait réalisé un film sur l'échangisme. Il mène au contraire une réflexion passionnante sur le désir et sur le couple. À l'amant caché dans le placard des vaudevilles, il a préféré miser sur la transparence. Les relations des uns et des autres se jouent au grand jour, sans aucun jugement moral, ce qui donne toute sa force au film. D'autant que le réalisateur ne cherche pas à démontrer quoi que ce soit mais à poser des questions en laissant les réponses plus ou moins ouvertes.Conçu comme une chanson de Souchon à l'enveloppe légère et au propos grave, porté par des scènes de toute beauté, des dialogues sans artifice, «?Happy Few?» ne ressemble à rien de ce qui a été fait ces derniers temps. Les comédiens sont aussi pour beaucoup dans cette réussite. Et Élodie Bouchez, sauvage et physique, n'a jamais été aussi aérienne. Y. Y.

latribune.fr

19 Sept 2010, 21:48

Partager :