Le yen défie à nouveau les lois de la gravitation

Dès que l'euro interrompt ses mouvements sporadiques de reprise, surtout si le dollar marque le pas, signe de montée de l'aversion au risque, ce sont le franc suisse et le yen qui reprennent le flambeau. Au désespoir des responsables nippons et helvètes qui redoutent que la montée en puissance de leurs monnaies refuges ne mette en péril leur reprise économique encore fragile. C'est ce qui s'est passé mardi. Après une séance d'euphorie au lendemain de l'adoption des nouvelles règles prudentielles du comité de Bâle, l'euro a recommencé à faire du surplace face au billet vert. Le franc suisse, même s'il n'a pas renoué avec son record absolu face à l'euro pulvérisé le 8 septembre à 1,2765, en a profité pour refranchir la parité avec le dollar pour la première fois depuis décembre 2009. Il s'est hissé jusqu'à 0,9998 pour un dollar. Parallèlement les grandes monnaies asiatiques, que ce soit le baht thaïlandais, le won sud-coréen, la roupie indonésienne, le ringgit malaisien ou le dollar de Singapour (qui avait battu un record historique face au billet vert la semaine dernière), se sont nettement raffermies. Mais leur envol est freiné par les craintes d'interventions des banques centrales nationales, toujours promptes à calmer les accès de fièvre. La latitude des autorités japonaises envers leur yen est beaucoup plus bridée. La monnaie de l'archipel s'est retrouvée propulsée mardi à un nouveau point haut de quinze ans face au dollar, cassant le seuil de 83. Il se retrouve à une encablure du record absolu de 79,75 d'avril 1995, lorsque les pressions américaines en vue d'une revalorisation du yen, sous la menace de sanctions commerciales, atteignaient des sommets. A moins de deux mois du sommet du G20 de Séoul, Tokyo, pourtant tenté par un retour sur le marché des changes alors que la Banque du Japon a cessé toute intervention à la fin de l'hiver 2004, risquerait de monter en première ligne et d'être l'objet d'accusations de manipulation du taux de change de sa monnaie, au même titre que la Chine. En outre, rien ne permet d'affirmer que des interventions en solo auraient la moindre chance de dissuader les spéculateurs. D'ailleurs, la mise en garde lancée hier par l'agence Standard and Poor's dénonçant la dégradation lente de la qualité de crédit de l'Etat Japonais, sans toutefois menacer sa note souveraine, ne les a pas effarouchés. Sortie d'ornière politiqueLe yen attire les investisseurs parce que le Japon est un pays dont la balance des paiements courants est structurellement excédentaire, même si la hausse du yen a été indirectement attisée par les achats de titres de la dette publique nipponne par la Chine et plus directement hier par la sortie d'une ornière politique qui menaçait de paralyser le pays du soleil levant. Le premier ministre Naoto Kan a sauvé son poste à la tête du parti au pouvoir, en battant haut la main son rival Ichiro Ozawa, lors de l'élection interne de mardi, lui permettant de rester chef du gouvernement.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.