Groupama : deux nouvelles dégradations, et après ?

Pourquoi Groupama a-t-il pris le risque d'envoyer un signal négatif aux investisseurs obligataires, aux salariés, aux assurés et au marché? En prenant la décision de ne pas payer le coupon de ses titres super-subordonnés à durée indéterminée le 22 octobre prochain, l'assureur vert a suscité l'incompréhension et ravivé les incertitudes quant à sa situation financière. Mais plus que la solvabilité, c'est le risque de réputation qui a amené les agences à réunir leurs comités de notation et à prendre la décision de dégrader à nouveau sa note (Fitch le vendredi 5 octobre, Standard & Poor's le mardi 9 octobre), alors même que Groupama était déjà en catégorie spéculative. "C'est avant tout une décision liée au risque de réputation. Groupama était dans son bon droit, mais le message sous-jacent est négatif. D'autant plus que le non-paiement d'un coupon est particulièrement inhabituel, spécialement dans le domaine de l'assurance, où de tels exemples sont peu nombreux dans l'histoire", déclare Marc-Philippe Juilliard, directeur senior chez Fitch.Des agences de notation qui, en prenant leur décision, n'ont pas non plus prémuni l'assureur contre ce risque...La douche froideSi cela suscite des interrogations, c'est que l'incidence financière de cette décision paraît insignifiante: "Si Groupama avait payé le coupon, cela leur aurait coûté 63 millions d'euros, avant réduction d'impôts d'environ 30%. Ce n'est pas une somme de nature à renforcer, ou à l'inverse à affaiblir, de manière significative ses fonds propres", estime Marc-Philippe Juilliard. Par contre, pour les investisseurs, c'est la douche froide. La Lettre de l'assurance écrit d'ailleurs: "Souhaitons finalement à Groupama de ne pas avoir besoin de faire appel trop vite au marché financier: il risquerait d'avoir quelques difficultés pour se faire comprendre".Pour Cyrille Chartier-Kastler, la question ne se pose cependant pas dans ces termes, et le non-paiement du coupon aurait dû être apprécié comme un signal positif: "Si Groupama l'a fait, c'est qu'ils considèrent qu'ils n'ont plus besoin de lever des passifs subordonnés, donc que leur niveau de fonds propres leur permet de ne plus faire appel au marché. C'est aussi un signal par rapport aux salariés, pour leur montrer que chaque dizaine de milliers d'euros compte".L'instant de véritéPourtant, les résultats semestriels du groupe était plutôt rassurants et n'avaient pas été de nature à réveiller les agences. "Nous n'avons pas réagi après la publication des comptes semestriels, ce qui signifie qu'ils sont en ligne avec nos attentes", affirme Marc-Philippe Juilliard. Ce non-paiement de coupon, a priori un épiphénomène, a sorti les agences de leur torpeur. Pour elles, c'est un mauvais signal quant à la "flexibilité financière" de l'assureur. Mais pour la CGT, "c'est la preuve de l'acharnement de ces organismes vis-à-vis de Groupama. Et quel est leur rôle dans l'avenir du groupe?". Pourquoi Groupama ne cesserait-il alors pas d'être noté? La question a été posée à l'assureur, elle est restée sans réponse.Quoi qu'il en soit, les agences ont maintenu leur perspective négative sur le groupe. La raison: "il est aujourd'hui très difficile d'avoir une idée précise du niveau de solvabilité de Groupama. En effet, aucune des cessions d'actifs réalisées n'a été intégrée aux arrêtés de comptes du 30 juin 2012", précise Marc-Philippe Juilliard.Pour les syndicats aussi, les résultats annuels constitueront «un instant de vérité. A ce moment-là, nous saurons si l'on nous a menti ou si nous sommes bien sur la voie du redressement», souligne la CFDT.En convalescenceLes comptes 2012 devraient intégrer les effets positifs de la baisse annoncée de 10% des frais généraux de Groupama SA et le produit des cessions d'actifs effectuées cette année (Gan Eurocourtage, Proama, Groupama Seguros, Groupama Insurance Company). Sans compter sur les départs de salariés qui ne seront pas remplacés (des plans de sauvegarde de l'emploi sont en cours à Groupama SA, Gan Assurances et au GIE Groupama Supports et Services), les projets informatiques avortés et les mutualisations de moyens dans les achats."Groupama est encore convalescent et les chantiers de réductions de coûts en France sont énorme", confirme Cyrille Chartier-Kastler.A cela, il faudra néanmoins retrancher les 300 millions d'euros remboursés à la Caisse des Dépôts le 1er octobre, et probablement une activité d'assurance vie en berne qui pourrait peser sur les comptes. L'assureur, lui, confirme qu'il sera bien au rendez-vous le 31 décembre: "Cette décision n'est pas liée à un problème de liquidité, mais à un problème de principe. Les 60 millions d'euros viendront abonder nos fonds propres. Ils confortent notre objectif d'un ratio de solvabilité de 120% en fin d'année [contre 113% fin juin, ndlr]", a expliqué Thierry Martel, directeur général de Groupama. So wait and see... 
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