Une rentrée universitaire dans un climat de paix armée

En ce 15 octobre, les étudiants ont presque tous repris le chemin des amphis. Une rentrée 2009 un peu particulière, surtout pour les nouveaux bacheliers. Ces derniers auraient pu être affolés à l'idée d'intégrer une jungle universitaire marquée au premier semestre par le plus grand conflit jamais connu depuis 1976 : presque cinq mois de grèves, blocages, cours et examens reportés. En pleine crise, la ministre de l'Enseignement supérieur n'avait-elle pas agité le chiffon rouge de la désaffection massive alors que, finalement, un nombre limité d'établissements étaient touchés ?Or les premières tendances prouvent le contraire, même si le ministère n'est pas en mesure de communiquer un bilan définitif des inscriptions avant novembre. Selon le président de la Conférence des présidents d'université (CPU), Lionel Collet, le premier bilan effectué sur la base de 32 universités (sur un total de 83) ne montre aucune diminution du nombre de bacheliers inscrits. Le niveau de ces derniers s'est par ailleurs amélioré avec « un nombre plus élevé de mentions bien et très bien », note Lionel Collet. « Nos effectifs ont augmenté de 3 % comme en 2008, et ce, dans toutes les filières. Notre difficulté est plutôt de gérer la croissance », constate Philippe Dulbecco, le président de l'université d'Auvergne. Et les étudiants étrangers n'ont pas fui, assure Patrick Gérard, le recteur de l'académie de Paris.On efface tout et on recommence ? Valérie Pécresse a affirmé récemment que « les conditions semblaient réunies pour une rentrée sereine » (« La Tribune » du 29 septembre), rappelant son action (chambres universitaires, augmentation des bourses et des primes, revalorisation des salaires et des primes?). Pas si simple. Les syndicats enseignants, Snesup en tête, estiment que les « ferments » de la contestation demeurent. L'application du nouveau décret statutaire des enseignants-chercheurs, la réforme de la formation des enseignants et la restructuration de l'enseignement supérieur (autonomie?) continue de peser. L'Unef déplore de son côté des conditions de vie étudiantes « alarmantes ». Entre la réalité du terrain et la communication organisée par le ministère sur l?augmentation de son budget (+ 1,8 milliard d'euros par an pour l'enseignement supérieur et la recherche) il y a manifestement un écart dont les dernières polémiques sur les chiffres sont l'écho. Ainsi de la dépense par étudiant qui varie, selon les différentes données du ministère, de 7.800 à 10.150 euros? Quant aux présidents d'université, ils sont réservés sur leurs marges de man?uvre (lire ci-contre). À l'heure de l'autonomie, la question se pose donc des moyens que pourront, sur le long terme, mettre en ?uvre des universités, désormais concurrentes pour attirer et surtout garder leurs étudiants. Et ils restent nettement insuffisants notamment en termes d'encadrement et de dispositifs d'aide, estime Bertrand Monthubert, secrétaire national du PS en charge de l'enseignement supérieur et de la recherche. Il en veut pour preuve la baisse continue du taux de poursuite des bacheliers dans l'enseignement supérieur depuis 2005. Les effectifs d'étudiants en master ont ainsi baissé de 482.000 en 2006 à 470.000 l'année dernière selon le ministère.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.