Les multinationales peuvent jouer un rôle important contre la faim

RAPPORTLes géants de l'agroalimentaire, fer de lance de la lutte contre la faim dans le monde ? Alors que plus d'un milliard de personnes souffrent de malnutrition, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) estime, dans son dernier rapport sur les investissements dans le monde, que les multinationales « disposent des moyens technologiques et autres d'appuyer les stratégies des pays en développement qui visent à accélérer la révolution verte ». La récente flambée des prix agricoles a remis la question de la sécurité alimentaire au c?ur des préoccupations internationales. Un rapport, publié lors d'un forum organisé en début de semaine par l'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), prévoit qu'une hausse de 70 % de la production agricole est nécessaire pour nourrir 2,7 milliards de bouches supplémentaires d'ici à 2050.La question des rendements agricoles est désormais au c?ur des réflexions engagées par la FAO. « Impossible de vaincre la faim en Afrique [?] sans augmenter la productivité agricole », rappelle inlassablement le directeur général de la FAO, Jacques Diouf. L'agence onusienne évalue à 83 milliards de dollars par an les investissements nécessaires pour relever ce défi.La flambée des prix des denrées alimentaires a conduit un certain nombre de pays importateurs à développer leurs approvisionnements à l'étranger afin de garantir leur sécurité alimentaire. Les investissements étrangers dans le domaine agricole dépassent désormais 3 milliards de dollars par an, contre moins de 1 milliard au début des années 1990, selon la CNUCED. L'acquisition de vastes étendues de terres arables sur le continent africain par des sociétés chinoises, du Golfe ou de Corée du Sud a suscité une certaine émotion. « L'accaparement des terres de rizières met en péril la souveraineté alimentaire de l'Afrique », s'inquiète ainsi l'ONG Grain.transferts de compétencesLa CNUCED se montre plus mesurée. « Ces mesures peuvent accroître la production alimentaire mondiale et atténuer les pénuries aussi bien dans les pays d'origine que dans les pays d'accueil en développement », estime l'agence onusienne. La CNUCED rappelle ainsi que les géants de l'agroalimentaire ont aidé « un certain nombre de pays pionniers, notamment le Brésil, la Chine, le Kenya et le Vietnam, à stimuler avec succès l'investissement dans leur agriculture ».Dans de nombreux cas, ces investissements ont débouché sur des « transferts notables de compétences, ont facilité l'accès au crédit et ont permis à un très grand nombre de petits exploitants pratiquant essentiellement une agriculture de subsistance d'accéder aux marchés ». La CNUCED reconnaît toutefois que l'acquisition de vastes concessions agricoles peut créer des problèmes sociaux ou politiques. Elle préconise donc le développement de relations contractuelles entre agriculteurs des pays en développement et multinationales. La société Nestlé, par exemple, a conclu des contrats avec plus de 600.000 exploitants agricoles dans plus de 80 pays. Au Brésil, 75 % de la production de volaille et 35 % de la production de soja proviennent de l'agriculture contractuelle.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.