Adjugé !

Comment se porte le marché de l'art ? Bien, très bien même, si on s'attache aux records observés lors du premier semestre. La barre des 100 millions de dollars a même été allègrement franchie avec « l'Homme qui marche » d'Alberto Giacometti, adjugé pour 65 millions de livres sterling en février dernier, palier dépassé par les 106 millions de dollars engrangés par un « Nu » de Picasso. « Les volumes ont pu chuter de 50 %, mais les prix eux restent solides », constate Martin Guesnet, responsable du département art contemporain d'Artcurial.Les artistes emblématiques des excès spéculatifs ne sont pas passés à la trappe. En juin à la Foire de Bâle, toutes les galeries du Japonais Takashi Murakami avaient le sourire. Emmanuel Perrotin, qui le représente à Paris, a cédé pour 1,3 million de dollars une sculpture, tandis que le marchand new-yorkais Larry Gagosian a négocié pour 1,8 million de dollars une peinture récente du Japonais. Les nouvelles oeuvres de Jeff Koons présentées en septembre par la galerie Jérôme de Noirmont ont été « sold out ». D'après nos informations, rien ne valait en dessous du million de dollars. En revanche, les temps semblent plus durs pour Damien Hirst. D'après un article publié par « The Economist », le volume des oeuvres vendues aurait baissé de 93 % en 2009. Lors de la dispersion de la collection Lehman Brothers en septembre dernier chez Sotheby's, une de ses oeuvres pourtant ancienne est restée sur le carreau sur une estimation de 1 million de dollars. Ce qui n'empêchait pas Christie's de présenter comme oeuvre phare de sa vente du 14 octobre un « Butterfly painting » spectaculaire, estimé 2,5 millions de livres sterling. L'ex-« Young British Artist » a plus d'une corde à son arc et la forte éventualité d'une rétrospective à la Tate pendant les Jeux olympiques pourrait raviver une cote chancelante.De son côté, la situation spécifiquement française semble plutôt prometteuse. Certes, en termes de part de marché, l'Hexagone reste loin derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne, lesquels se taillent toujours la part du lion. Mais, grâce à l'effet locomotive de la Fiac et des événements de stature internationale comme Paris Photo, la France a repris du poil de la bête. Paris peut même s'enorgueillir de records mondiaux, comme celui de 43 millions d'euros pour une « Tête » d'Amedeo Modigliani chez Christie's en juin dernier. Gare toutefois aux effets de loupe ! Le marché est à plusieurs vitesses. À moins de présenter des blockbusters ou de surfer sur la vague des jeunes starlettes de l'art actuel, les galeries ont tendance à serrer les dents. Pour leur part, les enseignes de second marché peinent à tenir tête aux maisons de ventes. De fait, les chefs-d'oeuvre prennent immanquablement le chemin des enchères. Sotheby's propose ainsi le 9 novembre une oeuvre de Warhol, « Coca-Cola, Large Coca-Cola », estimée entre 20 et 25 millions de dollars. S'ils semblent lâcher la bride dans les ventes publiques, les collectionneurs comptent leurs sous en galerie. Tous domaines confondus, les marchands reconnaissent que les foires sont les plates-formes où ils réalisent une bonne part de leur business et de leurs contacts. D'où la bonne santé de la plupart des salons. « En 2009, toutes les foires ont souffert d'annulations de la part de leurs exposants, observe Matthew Slotover, codirecteur de la foire londonienne Frieze. Mais cette année, dix-sept galeries qui n'étaient pas venues l'an dernier sont revenues à Londres. » Car elles savent que, sorti de l'événementiel, il n'est point de salut.
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