L'Autorité de la concurrence scrute les offres fixe-mobile de SFR et Bouygues

télécomsEn marketing, cela s'appelle du « cross selling », de la vente croisée. Puiser dans son fichier de clients pour leur vendre de nouveaux services. Dans les télécoms, il s'agit de vendre un abonnement ADSL à un client mobile, ou inversement. En théorie, cette pratique n'est pas interdite. Pourtant, l'Autorité de la concurrence s'est saisie d'office de ce dossier, lundi, au regard des risques de déséquilibres que pourraient provoquer ces nouvelles offres couplées, notamment la constitution de barrières à l'entrée sur l'un ou l'autre des deux marchés concernés. Elle pourrait rendre son avis au cours du premier semestre 2010.Le gouvernement avait demandé, dès juillet 2008, au Conseil de la concurrence de se prononcer sur « la convergence accrue entre les différents services de communications électroniques ». Après avoir attendu, l'Autorité estime qu'il est temps d'éclaircir la situation. « Il ressort de l'actualité récente du secteur que cette convergence commence à se traduire sur le plan commercial », explique l'Autorité, ajoutant que « ces pratiques nouvelles semblent avoir profité aux acteurs qui les ont mis en ?uvre, particulièrement SFR et Bouygues Telecom ». Dans sa décision de saisine d'office, l'Autorité rappelle que ces deux opérateurs « ont recruté, au cours des trois derniers trimestres, de nouveaux abonnés sur le marché de l'accès à Internet haut débit à un rythme inhabituellement élev頻.« potentiel indéniable »Depuis la sortie, en mai 2009, de son offre couplée Idéo mariant fixe et mobile, Bouygues Telecom a gagné 144.000 clients dans l'ADSL en deux trimestres, plus que Free, le numéro deux du marché de l'Internet fixe, qui ne dispose pas encore de réseau de téléphonie mobile. De son côté, SFR a réussi deux trimestres de suite à battre dans le recrutement d'abonnés Internet, Orange, le numéro un historique de l'ADSL. « Avoir deux bases d'abonnés est un potentiel commercial indéniable mais ce n'est pas la raison principale du succès de nos offres ces derniers trimestres », se défend-on chez SFR.Si la frustration existe chez Free, puisque le groupe ne peut pas encore proposer le même type d'offre couplée, elle est encore plus vive chez Orange. L'opérateur est présent à la fois dans le fixe et le mobile. Mais compte tenu de ses parts de marché dominantes sur ces deux segments, il ne peut pas coupler ses offres sous peine de franchir la ligne jaune au regard du droit de la concurrence. Furieux de voir partir les clients, la direction de France Télécome;lécom s'est plaint à plusieurs reprises de la situation et a même écrit récemment à l'Autorité de la concurrence pour l'alerter sur ce point.L'Autorité va ainsi examiner « comment ce type de pratique, au-delà du seul secteur des télécoms, s'apprécie au regard du droit de la concurrence », mais aussi regarder « la question particulière du droit de riposte [?] et d'indiquer dans quels cas de figure et selon quelles modalités une entreprise peut s'aligner sur ses concurrents ». Enfin, compte tenu du manque de « fluidité qui caractérise le marché du mobile », elle veut déterminer dans quelle mesure le « cross selling » peut, s'il se généralise, rendre plus difficile l'entrée de nouveaux acteurs. Un point crucial alors que l'Autorité des télécoms (Arcep) doit rendre sa décision cette semaine sur l'attribution de la quatrième licence de téléphonie mobile à Free.
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