Quand la lutte contre l'effet de serre bute sur la souveraineté nationale

ommet de copenhagueÀ Copenhague, MRV est l'acronyme qui monte. Si vous le développez, cela donne : « mesurable, reportable et vérifiable ». Il désigne le dispositif de contrôle des mesures prises par les pays pour lutter contre le réchauffement climatique, ainsi que celui applicable aux aides apportées au Sud face au réchauffement. Sans un tel dispositif, tout accord sur le climat serait virtuel. Or le chapitre MRV est en train de devenir la bête noire des négociateurs de la conférence. « Le sujet est un peu monté en épingle », s'énerve Jean-Louis Borloo, le ministre français du Développement durable. Il craint que ce point de divergence serve de prétexte à certains pays comme les États-Unis pour ne pas vraiment s'impliquer dans les négociations.Lundi, les débats sur la question MRV ont carrément piétiné après avoir fait l'objet de longs débats animés les jours précédents. Les États-Unis attendent de pays comme la Chine de les voir s'assujettir à un système de contrôle MRV comparable à celui déjà en place pour les pays industrialisés qui reçoivent la visite régulière d'experts internationaux. « Un pays comme l'Inde reconnaît le besoin de rendre compte des actions de réduction de ses émissions qui bénéficieront du soutien du Nord », a souligné Jean-Louis Borloo, « mais de là à soumettre toute sa politique au jugement des autres en permanence, non. Il y a un moment où on touche la souveraineté nationale », s'est-il insurgé. D'autant que les États-Unis sont eux-mêmes loin de jouer le jeu de la transparence internationale et craignent par-dessus tout de voir surgir les prémices d'une nouvelle forme de gouvernance internationale.autre préoccupationC'est en 1996 que le Groupe intergouvernemental des experts sur le climat (Giec) a forgé les grands principes d'un système de MRV requis par le protocole de Kyoto et la convention sur le climat de l'ONU. « Mais ces principes autorisent plusieurs méthodologies, alors qu'il faudrait aujourd'hui un vrai système de contrôle intégré et universel », explique Aaron Strong, chercheur à la Fletcher School à l'université Tufts du Massachusetts. Si un accord est adopté à Copenhague, un contrôle sera inévitable. Autre préoccupation, il faudra s'assurer que les mesures de réduction des gaz à effet de serre promises par les pays permettront de respecter l'objectif d'une hausse de température inférieure à 2 oC. Ce qui est loin d'être acquis.Laurent Chemineau, envoyé spécial à Copenhague
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