Le financement de l'économie par l'épargne : une cause perdue ?

Le taux élevé d\'épargne de précaution des ménages français serait-il devenu un fléau pour le financement de l\'économie ? C\'est ce que plusieurs intervenants aux Etats généraux de l\'épargne organisés par la Faider (Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite) ce mardi 15 janvier ont laissé entendre.La question clé de l\'investissement\"Le sujet n\'est pas tant de favoriser l\'épargne longue que de se demander pourquoi l\'investissement est si faible. Je peux faire la plus belle fiscalité de l\'épargne longue, cela ne fera pas redémarrer l\'investissement\", a déclaré Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes. Dans son Pacte pour la compétitivité présenté en novembre dernier, Jean-Marc Ayrault promet pourtant un PEA(plan d\'épargne en actions)-PME, qui encouragerait fiscalement les épargnants à orienter plutôt leur investissement vers les PME et ETI que vers les grandes entreprises cotées. Sauf que l\'aversion au risque et la défiance des épargnants détournent les flux d\'épargne des actions vers des placements comme le livret A ou les fonds en euros des contrats d\'assurance vie.Un plan Marshall pour les actions\"Les actions étaient déjà la classe d\'actifs la plus mal traitée fiscalement. Et nous n\'avons plus dans ce pays d\'acheteurs naturels d\'actions. Dès lors, il ne faut pas s\'étonner de l\'attraction pour l\'immobilier\", a affirmé Pierre de Lauzun, directeur général délégué de la Fédération bancaire française. Ce dernier ajoute que \"le meilleur investissement de long terme, ce sont les actions. Mais il faudrait une sorte de plan Marshall pour les actions\".Antoine Lissowski, directeur général délégué de CNP Assurances, a néanmoins appelé à la mesure : \"Il ne faut pas laisser entendre aux gens qu\'il faut se précipiter sur les actions parce que les obligations d\'Etat vont avoir des rendements négatifs. Cela laisserait présager d\'une nouvelle crise\".Valoriser davantage les actionnaires individuels pourrait être une piste à explorer pour susciter un regain d\'intérêt pour ces supports : \"Acceptons une participation des investisseurs à la vie de l\'entreprise, créons des pactes d\'actionnaires. Il ne faut pas \"bunkériser\" l\'entreprise\", estime Bernard Cohen-Hadad, président de la Commission financement des entreprises de la CGPME.Pierre de Lauzun propose quant à lui de donner une autre mission au Fonds de réserve des retraites, en l\'utilisant comme un support vers lequel pourraient être orientées les actions, ce qui aurait \"un sens collectif national\".Les zinzins sans papiersLes épargnants particuliers ne sont pas les seuls à bouder les actions. Les investisseurs institutionnels aussi ont des difficultés à flécher leur stock d\'épargne vers des supports directement liés au financement de l\'économie. Mais pas pour les mêmes raisons. \"L\'offre de papier est déséquilibrée. Contrairement aux obligations d\'Etat, il m\'est arrivé tous les jours de ne pas être servi lors d\'émissions obligataires d\'entreprises. Il y a un phénomène d\'éviction entre un excédent d\'offre d\'un côté et une pénurie de l\'autre\", explique Antoine Lissowski. Par ailleurs, toutes les entreprises ne bénéficient pas de la manne que constitue l\'épargne des Français. \"Il faut reconnaître que l\'épargne ne peut pas profiter à toutes les entreprises. 80% du financement des entreprises passe par le financement bancaire, une partie par l\'assurance vie et une autre par l\'épargne réglementée\", estime Bernard Cohen-Hadad. Beaucoup d\'appelées, peu d\'élues... 
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